Tsonga jette l’éponge

Hier, le séisme sur la terre de Roland est venu de l’abandon de Jo-Wilfried Tsonga. Le demi-finaliste de l’an passé, sur une course anodine, s’est tenu les adducteurs de la jambe gauche. Une blessure qui l’avait déjà empêché de jouer à Rome. Une journée à oublier, avec trois Bleues éliminées.

L’hécatombe se poursuit à Roland-Garros. Après le forfait de Rafael Nadal, touché au poignet gauche, vendredi, qui faisait suite à ceux de Federer et de Monfils, le tournoi a encore perdu une tête d’affiche… Et pas des moindres, avec ni plus ni moins que le N°1 français, Jo-Wilfried Tsonga. Roland-Garros a même connu un “black out” télévisuel total, privant les écrans d’images pendant de longues minutes, vers 17 h 30, à la suite du violent orage qui s’est abattu sur le stade, entraînant presque trois heures d’interruption du jeu. Jo-Wilfried Tsonga, qui bénéficiait d’un tableau très ouvert, sans l’Espagnol, nonuple vainqueur, était bien parti contre le Letton Gulbis, menant cinq jeux à deux. Mais le Manceau, qui dominait son sujet, s’est tenu la jambe gauche après une course anodine, une blessure aux ad- ducteurs survenue en réalité juste après le début du match. «Sur le deuxième ou le troisième point, Gulbis me déborde, je fais l’effort en glissade, et je ressens une vive douleur aux adducteurs. J’ai senti que ma cuisse se durcis- sait. A la fin du jeu de 4-2, je fais un effort côté droit et je ressens un coup de couteau», précise Jo, très déçu.

Jo en pleurs

Grimaçante, la tête de série N°6 quitte le court Central sans doute pour se faire manipuler, avant de revenir quelques minutes plus tard, en pleurs, pour serrer la main de Gulbis et sortir la tête basse du court. «Je n’avais aucune chance de terminer. Je ne sais pas combien de temps je vais être blessé. J’ai étiré des fibres sur les adducteurs, mais je ne sais pas à quel niveau. C’est une élongation ou une déchirure. J’en saurai plus dans deux ou trois jours après les examens. C’est vrai que je ne suis pas arrivé ici dans les meilleures conditions. Mais je joue au tennis pour disputer Roland- Garros. Ce n’était pas envisageable pour moi de jeter l’éponge avant le tournoi. Je ne sais pas si les 43 amorties de Baghdatis et ce match en cinq sets sont des facteurs qui ont pesé dans la balance», réagit Tsonga, touché après cette élimination sans pouvoir défendre ses chances, mais qui a souhaité relativiser son élimination. «Il y a des choses plus graves. J’espère rebondir vite. Il y a eu une très mauvaise nouvelle au parc Monceau (ndlr, onze blessés touchés par la foudre). Je vais retrouver l’essentiel, la famille, les amis», conclut Tsonga, qui ne sait pas encore s’il va pouvoir disputer Wimbledon, sans oublier les JO à Rio, en août.

Zéro sur trois pour les filles

Chez les filles, elles étaient trois en lice, Pauline Parmentier, Kristina Mladenovic et Alizé Cornet. Et toutes trois n’avaient pas la tâche facile. Pauline Par- mentier, 88e mondiale, a plutôt bien tenu contre la Suissesse Timea Bacsinszky (N°8), demi- finaliste l’an passé, mais la tête de série a contrôlé la partie (6-4, 6-2).
Pour Kristina Mladenovic, qui affrontait l’ogre Serena Williams, tenante du titre, la rencontre a été très serrée (6-4, 7-6), avec peu de breaks malgré de nom- breuses occasions, notamment pour Serena (1/12). Les regrets peuvent être nourris dans la deuxième manche. A six jeux partout, après l’interruption, la leader tricolore manque un coup droit facile à 5-2, sauve quatre balles de match et se procure une balle d’égalisation (9-8), avant de s’incliner dans le “money-time”. Rageant pour la numéro un Tricolore, qui aura fait vaciller Williams, vainqueur Porte d’Auteuil à deux reprises sur ses 21 titres du Grand chelem.

Pour Alizé Cornet, opposée à l’autre sœur Williams, Venus (N°27), la Niçoise a alterné le bon et le moins bon, avec un premier set perdu de justesse, au tie-break, une deuxième manche mieux maîtrisée, avec plus de coups gagnants, et un coup de pompe physique associé à un regain de forme de Venus, ont eu raison d’elle (7-6, 1-6, 6-0). Du côté des favoris, l’autoroute est ouverte pour Novak Djokovic, vainqueur tranquille de Bedene. Dans une moindre mesure, Berdych ou Thiem, qui a gagné le duel des jeunes contre Zverev, ont des coups à jouer.

Après une petite semaine de compétition, tous les espoirs du tennis français reposent sur les épaules de Richard Gasquet, qui n’a encore jamais passé l’obstacle des quarts de finale. On croise les doigts !

Nicolas Chapon