L’homme qui parlait à l’oreille des éléphants
Journaliste de la presse écrite régionale, au Dauphiné, Jean-François Mutzig n’en est pas moins un voyageur. Depuis de nombreuses années, il voue une véritable fascination pour les éléphants.
Une fascination qui l’avait déjà amené à exposer à Montier, il y a neuf ans de cela. En plus d’être le président du jury du Concours international de Photo Nature du Festival 2019 (Concours Photo Montier), le voici revenu cette année avec une exposition en noir et blanc intitulée « Des éléphants et des hommes ». Car pour cet ancien laborantin, c’est bien la relation entre l’homme et l’animal qui importe. «Ce qui m’intéresse dans l’essentiel de mon travail, c’est l’humain, confie-t-il. J’ai beaucoup travaillé sur l’éléphant d’Asie et surtout sur la relation étroite entre les hommes et les éléphants lorsqu’ils sont domestiqués. »
Le résultat est saisissant, avec souvent des plans très serrés sur les sujets photographiés. « Je travaille très près des gens et bien souvent j’utilise des optiques assez courtes pour m’approcher et garder cette complicité avec les hommes et les animaux. » Pas facile d’être observateur de cette relation plutôt ambivalente. Car le traitement des éléphants domestiqués en Asie fait débat. Dressés principalement pour réaliser des travaux de débardage, il n’est pas rare que ces derniers soient maltraités par leur propriétaire, ou exploités pour le tourisme. « Il y a, à la fois une histoire de complicité et une histoire de domination. Mais il y a de l’amour aussi entre les hommes et les éléphants, il n’y pas que ce côté négatif. Mais il est certain que l’animal est toujours mieux dans la nature qu’enfermé. Est-ce que nous sommes capables de partager le territoire avec les animaux, de vivre avec eux, la question est là. »
Jean-François Mutzig a choisi d’aider à sa façon ceux qui tentent de protéger les pachydermes. « Je me suis engagé pour cette sauvegarde, on restitue une partie de nos droits d’auteur à des ONG qui travaillent en lien avec la protection des éléphants, en Thaïlande et en France », explique le photographe. Car l’éléphant, lui aussi, est en voie de disparition. Il ne reste aujourd’hui que quelque 40 000 individus répartis dans une dizaine de pays, dont 18 000 domestiqués.
L’exposition de Montier est le fruit d’un travail de nombreuses années. « Cela fait quinze ans que je travaille sur ce sujet. Cela représente une bonne vingtaine de voyages en Asie, en Birmanie, au Népal, en Inde, au Sri Lanka, au Vietnam, au Laos, au Cambodge et en Thaïlande ». Un livre a également été publié, retraçant l’aventure de Jean-François Mutzig.