Haute-Marne : Fresnes-sur-Apance sous le coup d’une mise en demeure
Une première sanction est tombée pour la commune de Fresnes-sur-Apance qui est mise en demeure et doit s’acquitter d’une astreinte journalière de 300 €. Une décision qui fait suite à l’exploitation illégale d’une ancienne carrière et d’une ancienne décharge municipale.
«Il est hors la loi !» Plusieurs habitants de Fresnes-sur-Apance restent consternés par les agissements de leur maire, Jean-Marie Thiebaut. Après plusieurs alertes de leur part auprès des autorités et des visites d’inspection de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), la décision est tombée au mois de septembre.
La commune est mise en demeure de remettre en état les deux sites et doit payer une astreinte journalière tant que ce ne sera pas fait par une entreprise spécialisée. Une sanction qui fait suite à plusieurs récidives constatées. «C’est la population qui va payer l’astreinte de tels agissements», souligne l’une des habitantes. L’astreinte s’élève à 300 € par jour pour la commune et plusieurs habitants craignent que ce coût leur retombe dessus.
Au mois d’août dernier, le collectif des Fresnois, regroupant une quarantaine de personnes manifestait devant la mairie, où devait se tenir l’élection des représentants communaux au Syndicat d’énergie et des déchets de Haute-Marne (Sded 52)* afin de dénoncer les agissements du maire qui autorise ces deux décharges sauvages.
«Il y a une urgence écologique»
A l’annonce des résultats de ces élections, les membres du collectif se sont montrés très surpris d’apprendre que ce même homme était élu président de la commission locale pour le syndicat. «Il y a une urgence écologique», confie l’un des membres.
En effet, le premier site est aujourd’hui qualifié de «dépotoir municipal» par le collectif et considéré comme une « décharge illégale comportant des déchets, pour certains dangereux» par les services de l’Etat. Un constat confirmé par le témoignage d’un habitant.
«Des déchets variés continuent d’affluer : plastiques, canettes de coca, bière, clavier d’ordinateur. Depuis ce début de mois, un second panneau “Décharge interdite” a été mis. Sans résultat puisque quelques jours plus tard, en bordure de chemin, j’ai remarqué des plumes, pattes et viscères de pintades. Je vous laisse imaginer la puanteur qui règne autour».
Risque de pollution
Mais l’alarme est aussi tirée par rapport à l’ancienne carrière qui est un site protégé et sur lequel le stockage de déchets menace de polluer la nappe phréatique. Une situation préoccupante dont le premier magistrat ne semble pas prendre la mesure.
En effet, dans un document que nous nous sommes procuré, la Dreal indiquait après une visite d’inspection de 2019 : « Les constats opérés témoignent d’une volonté intentionnelle et revendiquée du maire de la commune de ne pas respecter la réglementation.» Et depuis, force est de constater que les choses n’ont pas bougé. Des déchets de particuliers mais aussi de professionnels sont amenés, brûlés, écrasés et enterrés dans une fosse recouverte de terre. A ce jour, la Dréal estime que cette fosse retient près de 4 000 m3.
Contacté pour s’exprimer sur le sujet, le maire Jean-Marie Thiebaut n’a pas donné suite à nos sollicitations. Reste qu’il est, semble-t-il, dans une situation délicate puisque l’astreinte journalière comme la remise en état des deux sites vont s’avérer coûteuse.
M. P.
*Une réunion qui s’est finalement à Bourbonne-les-Bains à un autre horaire.