Éducation : Quand le port du masque est confronté à l’autisme à Chaumont
Nathanaël a 8 ans, il est en CE2 à l’école René Cassin. Avec les nouvelles mesures gouvernementales, il est dans l’obligation de porter un masque à l’école. Malheureusement, le petit garçon est autiste et ne supporte pas le contact du masque. Ses parents Christophe et Sylvie Focone veulent alerter sur cette situation très compliquée à gérer.
Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, les enfants sont dans l’obligation de porter un masque à l’école. Nathanaël est en CE2 à René Cassin.
Malheureusement, ses parents ont découvert son autisme il y a peu. « Nous attendons toujours le diagnostic officiel. Il nous dira le degré exact d’autisme de notre fils », explique sa maman Sylvie. Depuis son plus jeune âge, le garçon n’aime pas les contacts sur sa peau, ni qu’on lui touche les cheveux. « Nous n’avons jamais pu faire carnaval avec lui, il ne supporte pas de porter un costume ou un masque », précisent ses parents.
Pour répondre aux obligations de l’Éducation nationale, Christophe et Sylvie avaient créé une visière pour leur enfant. Deux mois ont été nécessaires à Nathanaël pour la tolérer. « Il faut toujours le préparer, lui expliquer les choses. C’est un garçon très intelligent qui veut qu’on lui montre concrètement ce qu’il se passe », poursuivent-ils. Quand le Président Macron a annoncé le reconfinement et a parlé du virus, Nathanaël a demandé à voir un virus en vidéo pour mieux comprendre la situation.
Une peur perpétuelle
La maman déplore le traitement des informations sur le coronavirus. « On n’arrête pas de parler des morts du virus, jamais de ceux qui survivent. » Le petit garçon ne veut plus aller dehors. Il se renferme dans sa bulle. Lundi soir en sortant de l’école, ce dernier était en larmes. L’établissement lui imposait de porter le masque. Lui qui avait eu tellement de mal à s’adapter à la visière. « Ça n’a choqué personne », se désole Sylvie. « J’ai dit aux enseignants que le masque n’était pas envisageable pour lui. S’ils ont une solution, je suis prête à écouter, je ne suis pas contre le port du masque. J’en porte tous les jours dans le cadre de mon travail. »
« Nous refusons de le punir pour cela », complète Christophe. « C’est lui la victime et il se sent puni. » Pour les parents « les minorités c’est-à-dire les personnes âgées, ou porteuses de handicap n’ont pas à s’adapter aux mesures sanitaires, mais bien l’inverse. Il faut aussi écouter les enfants sans handicap. Personne n’a demandé leur avis. On nous pond une loi et débrouillez-vous avec », rajoute la mère de famille.
Une réaction rapide de l’école
Le directeur de l’école René Cassin, Thierry Gitton, (voir encadré) a tout de suite réagi par rapport à cette situation. Il fallait un certificat médical pour que le garçon ne soit plus dans l’obligation de porter le masque. Ce qui a été fait. Mais… les CATTP (les centres d’accueil thérapeutiques à temps partiel) n’ont pas encore validé le document.
Ce qui empêche Nathanaël de retourner dans sa classe pour le moment. « Les gens ne pensent qu’à la loi. Il faut faire preuve de tolérance dans certains cas comme celui-ci. Heureusement, l’établissement de notre enfant nous donne les devoirs. Il y a beaucoup de communication entre nous. C’est une très bonne école, nous n’avons rien à leur reprocher », précisent les parents.
Christophe et Sylvie sont très en colère, pas que pour Nathanaël, mais aussi pour tous les enfants et les personnes porteurs de handicap qui doivent surmonter le port du masque. « Pour eux, c’est une gêne à la fois physique et psychique. C’est notamment le cas pour Nathanaël », souligne le papa.
Pour tenter d’arranger la situation les parents ont commandé des masques transparents. « Mais, si finalement il est autorisé à ne pas en porter, j’ai peur qu’on le mette à l’écart et si un cas de Covid est déclaré qu’on accuse mon enfant », détaille la maman.
« Pour moi, c’est la vraie galère »
Pour Thierry Gitton, le directeur de l’école René Cassin, où est scolarisé Nathanaël, cette situation est compliquée à gérer. «C’est un dilemme. Nous sommes partagés entre le souci du respect du protocole sanitaire et notre devoir d’inclusion des élèves en situation de handicap. Pour moi, c’est la vraie galère, car il n’y a pas de solution. S’il faut maintenir autour de l’enfant un cordon sanitaire, ce n’est pas la peine. Il n’y a pas de solution miracle. La sécurité de l’enfant et des autres est primordiale. Nous devons inclure tout le monde. Il faut que j’en réfère à ma hiérarchie pour trouver une solution afin que Nathanaël puisse revenir rapidement à l’école.»
Caroline M.Dermy
c.dermy@jhm.fr