Remise en ordre – L’édito de Patrice Chabanet
Le chef de l’Etat ne pouvait pas rester silencieux. L’agression contre Michel Zecler quelques jours après l’évacuation plus que musclée de la place de la Bastille a jeté une ombre inquiétante sur la police dans un pays qui a fait des droits de l’Homme la pierre angulaire de son modèle démocratique. Emmanuel Macron a évoqué des images « qui nous font honte » et a appelé à une « police exemplaire ». C’était le moins qu’on pouvait attendre de la tête de l’exécutif, car il y a le feu. Les Français, même les plus modérés, ne peuvent accepter qu’au nom de la loi de véritables forbans jouent les cow-boys, mus simplement par le racisme le plus bestial.
Manque de chance pour le pouvoir, ces évènements, non pas malheureux mais lamentables, interviennent au moment même où le gouvernement s’enlise à l’Assemblée dans le débat sur la loi Sécurité et le désormais fameux article 24 relatif à l’utilisation des images prises par les médias pendant les manifestations. Soyons clairs : sans les vidéos, Michel Zecler aurait été mis en examen pour rébellion. C’était l’argument utilisé par les trois ripoux ce qui leur vaut, aujourd’hui, d’être poursuivis, entre autres, pour fausses déclarations.
Pas étonnant, dans ces conditions, si les manifs organisées dans toute la France ont rencontré un franc succès. Les Français aiment leur police, comme en témoignent régulièrement les sondages, mais ils détestent ceux qui salissent l’uniforme. La police est là pour protéger, pas pour faire peur.
Il est quand même dommage, pour ne pas dire lamentable, de voir à Paris, une fois de plus, la manifestation se terminer dans la violence et le feu. Les organisateurs ne peuvent pas reprocher au ministre de l’Intérieur de ne pas tenir ses troupes et en même temps laisser des bandes de casseurs se mélanger aux manifestants. Là aussi, une remise en ordre s’impose. Le droit de manifester est inséparable d’un certain nombre de devoirs, notamment celui de ne pas mettre à sac l’espace public.