Espoir douché – L’édito de Patrice Chabanet
Retard à l’allumage ou précipitation ? Pfizer vient de faire savoir qu’il ne pourrait honorer que la moitié des commandes d’ici à la fin de l’année. Le laboratoire américain ne serait pas confronté à un problème lié à la conception de son vaccin, mais à des défaillances dans l’approvisionnement des matières premières. Il n’empêche, la nouvelle a fait l’effet d’une douche froide. Et cela d’autant plus que Pfizer avait annoncé avec fracas qu’il était le premier dans la gigantesque course engagée sur toute la planète. Maintenant, il lui faut rétropédaler.
Autant dire que dans un pays comme la France, plus que sceptique quant à l’efficacité du vaccin, tout retard alimente la méfiance de l’opinion publique. On ne peut pas parler d’opposition radicale quand on dispose de sondages approfondis, mais d’attentisme. Nombreux sont ceux qui veulent savoir comment se passera le début de la campagne de vaccination avant de se faire vacciner à leur tour.
Ce loupé de communication était difficilement évitable. La pression boursière incite les laboratoires à aller de plus en plus vite, pour booster le cours de l’action. On se souvient de l’envolée de la Bourse dès l’annonce de la diffusion du premier vaccin. En tous les cas, c’est une revanche pour les concurrents, comme Sanofi, qui ont choisi une approche plus classique – moins flamboyante et spectaculaire que l’ARN-messager – mais dont la mise au point exige plus de temps. Dans la recherche médicale, comme dans de nombreux domaines, la leçon du lièvre et de la tortue n’a pas perdu de sa pertinence. On saura dans quelques mois, et sur une large diffusion, qui gagnera la course.