Semaines de vérité – L’édito de Christophe Bonnefoy
Cette semaine, on saura. Ou pas. Face à la pandémie de Covid-19, Vladimir Poutine a commencé à vacciner les Russes, pour parler de manière imagée. Mais il sera bien compliqué de pouvoir juger là-bas de l’efficacité du Spoutnik V, vaccin choisi par Moscou. Opacité oblige. Il y a fort à parier que le pensionnaire du Kremlin ne jouera pas la transparence dans cette affaire. On l’entend déjà affirmer qu’une fois de plus, son pays a tout fait mieux avant les autres. Quitte à mentir.
Nos yeux seront en revanche plus facilement tournés vers le Royaume-Uni, dès demain. A Londres aussi, on va piquer les épaules à tour de bras. Bien évidemment, l’opération est d’une certaine façon une vaste opération de communication. Boris Johnson a beaucoup à y gagner, lui qui a pris le problème à l’envers en début d’année. Il espère regagner en popularité ; et presque se poser en sauveur. Il peut d’ailleurs compter sur une alliée de choix : la reine Elisabeth II a d’ores et déjà annoncé qu’elle se ferait vacciner. Alors si la première des Britanniques ose, c’est forcément bon pour les autres, et sans danger.
Reste qu’effectivement, c’est un immense espoir que les laboratoires viennent de faire naître. Si cette première expérience britannique est couronnée de succès, c’est la planète entière qui se remettra alors à croire en son avenir.
Et soit dit en passant, on imagine aisément qu’Emmanuel Macron sera en ligne directe – et quotidiennement – avec les autorités de Sa Majesté. Lui aussi a à y gagner. Les ratés successifs dans la gestion de la pandémie, depuis mars, ont amené les Français à tout prendre désormais avec beaucoup de prudence. Jusqu’à ne pas être certains de vouloir se faire vacciner. C’est dire que la fameuse guerre est encore loin d’être gagnée. Mais si nos amis d’outre-Manche la remportent, alors on peut penser qu’aussitôt, le reste du monde, et la France donc, accélèrera le mouvement. Et se mettra à espérer que 2021 ne ressemblera pas à 2020.