Solidarité : le Secours populaire se réinvente face à la crise
Alors que la crise sanitaire et économique se poursuit, le Secours populaire met en place de nouvelles actions pour accompagner des bénéficiaires toujours plus nombreux. L’association réaménage ses locaux, achète des produits de qualité et de proximité et met en place un système de portage.
«La crise sanitaire a continué de fragiliser les populations qui l’étaient déjà ». Au Secours populaire, le constat est sans ambages sur la situation actuelle des familles que l’association accompagne. Malgré tout, Pascal Dehaese, le secrétaire départemental en charge des projets, apporte quelques précisions : « l’effet de la crise sanitaire n’a pas été immédiat du fait des mesures sociales et économiques prises par l’Etat. Il a été retardé mais le premier effet s’est porté sur les populations les plus fragilisées ». Le confinement a désorganisé les services sociaux et de distribution des aides. Le traitement a pris du retard du fait, par exemple, d’assistantes sociales atteintes par la Covid. La situation dégradée a donc entraîné davantage de personnes vers le Secours populaire mais elle a encore empiré, depuis octobre, avec les effets de la crise sanitaire sur les salariés.
Pascal Dehaese explique que certains ont perdu leur emploi et que d’autres ont « pété les plombs. Ils sont dans l’incapacité de reprendre une activité professionnelle normale ». Le Pays de Chaumont qui est plus rural que d’autres parties du département est moins touché par ce phénomène que Saint-Dizier.
Une série d’actions
Dès le premier confinement, le Secours populaire a choisi de ne pas considérer que la crise sanitaire puis économique serait temporaire. Ainsi, l’association a continué de distribuer ses colis alimentaires durant l’été tout en pensant, déjà, à l’hiver. Elle a lancé des réaménagements à l’antenne de Chaumont, à celle de Langres et à l’entrepôt de Luzy. Par exemple, dans les antennes, des circulations à sens unique ont été mises en place afin d’éviter que les personnes aidées ne se croisent.
Pour Luzy, « il fallait doubler la capacité de stockage alimentaire. Nous avons doublé la surface au sol au détriment du non alimentaire qui a été sorti, distribué ou stocké ailleurs ». Des racks à palettes ont été installés et un gerbeur a été acheté. Le tout grâce au partenariat « fraternel » avec l’association départementale prévention jeunesse (ADPJ) et au centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA).
Sur Chaumont et Luzy, l’aspect alimentaire est donc privilégié pour un temps mais Pascal Dehaese n’oublie pas « l’octroi de deux cellules adjacentes par la Ville. Les travaux ont commencé pour une réhabilitation et des aménagements dans l’espoir d’y implanter l’activité non alimentaire avant l’été 2021 ».
Qualité et proximité
Le deuxième projet qui a trouvé ses germes dans la crise sanitaire est l’acquisition de produits alimentaires locaux pour compenser la baisse des approvisionnements. Pascal Dehaese résume par l’apport de marchandises de qualité et de proximité. Les produits laitiers viennent de la fromagerie Laistelle, à Graffigny. La viande de l’Earl du Bassigny à Montigny et les légumes de la Régie rurale du Plateau, à Vaillant. Le secrétaire général parle d’orientation du Secours populaire afin d’établir des partenariats durables autour du “local”. Il évoque la valorisation des circuits courts qui permet de réinjecter de l’argent dans l’économie locale.
Enfin, le dernier projet a été lancé à la suite de « coups de fil d’assistantes sociales pour signaler des personnes en grande difficulté ». Du coup, l’association s’organise pour mettre en place un système de portage afin de capter les ruraux. « Ce service est devenu indispensable car il ne faut pas que les personnes dans l’incapacité de se déplacer soient privées d’aides ».
Système de portage
Pascal Dehaese précise que ce portage à domicile aura comme autre vertu de permettre de traiter les difficultés des familles dans leur globalité. Il pense aux loisirs, aux vacances, à la précarité énergétique, à l’accès à la culture, au scolaire ou encore à la santé.
Ce service est une antenne mobile dans une version camion dirigée par des bénévoles avec, à l’intérieur, un ordinateur portable pour les démarches administratives des bénéficiaires.
Ce projet d’envergure avec une logistique à mettre en place fonctionnera en 2021. Pour l’instant, il a bénéficié d’une aide de la Région pour le camion et du Département pour l’achat de produits frais et locaux. Le dispositif local d’accompagnement a également été sollicité.
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr
En chiffres
- 40 % des familles aidées sont des personnes seules ou monoparentales
- les jeunes de moins de 30 ans sont de plus en plus fréquents
- 30 % des personnes ont un reste à vivre de 2 €/j et même moins
- 2/3 des personnes aidées sont issus des zones urbaines alors que l’urbain représente seulement 1/3 du département