Continuité – L’édito de Patrice Chabanet
L’histoire d’un pays ne s’écrit pas seulement au présent où l’urgence devient le mètre-étalon de l’action politique. La gestion de la crise sanitaire en fournit un bel exemple. Comment trouver un chemin dans un dossier dont on ne pouvait soupçonner l’émergence il y a à peine un an ? Tâche redoutable pour ceux qui sont aux commandes de la nation ? Dans le même temps, il faut poser les jalons dans les domaines dits structurants. C’est le cas du nucléaire. Là, pas question d’agir en temps réel ou de prendre des décisions radicales. Les stratégies de rupture peuvent garnir les programmes électoraux et les discours velléitaires. C’est tout. La continuité demeure la règle qu’on peut infléchir sans la briser. C’est ainsi qu’il faut comprendre le discours d’Emmanuel Macron, qui visitait hier le site Framatome du Creusot. Comme ses prédécesseurs il s’est engagé à faire du nucléaire « la pierre angulaire de notre autonomie stratégique ». Et de notre défense nationale : le futur porte-avions, qui succèdera au Charles-de-Gaulle, sera lui aussi à propulsion nucléaire.
Seule concession aux revendications des écolos : la part d’électricité nucléaire devrait passer de 75% aujourd’hui à 50% en 2035. Une promesse qui n’engage que ceux qui y croient, ironiseront certains qui pointent aussi les mésaventures en cascade de l’EPR de Flamanville. Il n’en demeure pas moins vrai que les énergies renouvelables ne peuvent pas assurer la soudure en cas de fermeture générale des centrales actuelles. De la même manière, prétendre qu’un nouveau porte-avions serait inutile au motif que les principales menaces viennent du terrorisme serait ignorer que les risques de guerre classique se font plus pesants. En Méditerranée, par exemple. La dissuasion doit rester la ligne de conduite de notre défense. Les relations internationales interdisent toute approche bisounours.