Confinement : Des Chaumontais à cran psychologiquement
La crise sanitaire qui se prolonge crée une véritable détresse psychologique chez des Chaumontais. Personnes isolées, jeunes adultes et salariés sont directement touchés comme en témoignent médecin traitant et psychanalyste. Le centre médical Maine de Biran est sur le qui-vive.
Des hôtesses de caisse agressées verbalement par les clients. Un transporteur de colis littéralement “démontés” à la Cité administrative. Les signes de tension et de nerfs à fleur de peau ne manquent pas. Ils se multiplient même alors que la crise sanitaire se poursuit et que les interactions sociales sont fortement contraintes.
La Covid-19 et ce qui en découle ont amplifié le niveau de détresse psychologique des salariés, des retraités et des personnes isolées. Près de moitié d’entre eux se disent dans cet état avec des manifestations de désespoir, de nervosité, d’agitation et de dépression qui mènent aux troubles anxieux et à l’addiction.
A Chaumont, cette tendance est confirmée par le Dr Jean Thévenot. Il pense, en premier lieu, aux personnes seules et isolées qui s’inquiètent de ne pas pouvoir rompre cette solitude durant les réunions familiales de fin d’année. Il le constate : « cette situation influe directement sur leur moral, cause des fragilités et entraîne des troubles du sommeil ». L’état de santé général de ses patients en pâtit.
Jean Thévenot explique que le relationnel manque à ces personnes mais, dans son cabinet, il assiste également à la venue d’un autre type de patientèle. Il pense aux salariés. Au Secours populaire, les responsables évoquent des personnes qui ont « pété les plombs » et qui sont dans l’incapacité de reprendre un travail. Jean Thévenot parle, par exemple, de « ceux qui travaillent dans les supermarchés et qui doivent faire face à l’agressivité des gens ». Tout le monde est à cran et des arrêts pour maladie ne sont pas rares.
Ces faits sont symptomatiques d’un mal-être et Jean Thévenot s’inquiète particulièrement de la situation dans les Ehpad tel que l’Osier pourpre. Il note une poussée des contaminations avec, en face, un personnel en souffrance. Il le dit : « il ne faut pas que cela dure trop longtemps. Sinon, nous allons vers une explosion ».
De son côté, Brigitte Frosio-Simon, psychologue et psychanalyste, ressent ces fragilités au niveau des Chaumontais. Les cabinets refusent les nouveaux patients et les rendez-vous. « Nous n’avons plus la possibilité d’accueillir tellement la demande est importante et c’est dramatique ». Elle pense, en premier lieu, comme le Dr Thévenot, à ce qui se passe dans les Ehpad.
De nouveaux lieux d’échanges
Au niveau des entreprises, pour Brigitte Frosio-Simon, le télétravail entraîne des réactions extrêmes avec, notamment, des crises d’angoisse. « Les salariés s’interrogent sur leur avenir, sur celui de leur entreprise et ce délitement entraîne souvent de l’agressivité ». Elle parle de rupture avec le travail avec des « mises en maladie voire des arrêts définitifs ». Le télétravail est considéré comme un facteur aggravant. Or, l’isolement n’est pas seulement l’éloignement géographique mais également le sentiment de n’être plus qu’une machine à produire et un manque de considération qui pèse sur l’état mental.
En remède, le docteur préconise « des réunions conviviales pour discuter ». Mais, comme la Covid l’interdit, elle conseille d’inventer de nouvelles formules et de nouveaux lieux d’échange. « Nous avons tous besoin de chaleur humaine. Sinon, on ne s’en sortira pas ». Elle pense, notamment, aux jeunes adultes qui sont dans « une situation dramatique. Ils se retrouvent dans des fêtes et ont des accès de violence ». Leur mal-être mène à des dérives. Brigitte Frosio-Simon observe que « plus rien ne fait corps actuellement » tout en précisant que les visioconférences ne remplaceront jamais les rencontres directes.
Le centre médical Maine de Biran fait état, dans le contexte actuel du confinement, que « la santé psychologique des Chaumontais est d’autant plus impactée. Les phénomènes d’isolement se font directement ressentir sur la population ».Plus que jamais, les services de soins continuent d’accueillir les patients.
De plus, le Centre médico psychologique assure des entretiens de réassurance par téléphone de 9 h à 17 h 30 et si besoin un accueil sur place est possible sur rendez-vous au Centre de Soins Maine de Biran au 1 de la rue Marc Chagall.
Le centre médical précise que pour toute urgence en dehors des heures d’ouverture, « une infirmière spécialisée en psychiatrie est présente aux urgences du Centre Hospitalier de Chaumont de 7 h à 19 h. » Une cellule de crise spécifique liée aux difficultés du confinement est mise en place au niveau du centre hospitalier de la Haute-Marne pour orienter les prises en charge au niveau du département.
Frédéric Thévenin
f.thevenin@jhm.fr
La santé psychologique impactée
Le centre médical Maine de Biran fait état, dans le contexte actuel du confinement, que « la santé psychologique des Chaumontais est d’autant plus impactée. Les phénomènes d’isolement se font directement ressentir sur la population ».Plus que jamais, les services de soins continuent d’accueillir les patients.
De plus, le Centre médico psychologique assure des entretiens de réassurance par téléphone de 9 h à 17 h 30 et si besoin un accueil sur place est possible sur rendez-vous au Centre de Soins Maine de Biran au 1 de la rue Marc Chagall.
Le centre médical précise que pour toute urgence en dehors des heures d’ouverture, « une infirmière spécialisée en psychiatrie est présente aux urgences du Centre Hospitalier de Chaumont de 7 h à 19 h. » Une cellule de crise spécifique liée aux difficultés du confinement est mise en place au niveau du centre hospitalier de la Haute-Marne pour orienter les prises en charge au niveau du département.