Ecran noir – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le
foot n’est plus ce que les moins de… 40 ans (?) connurent jadis.
Qu’il est loin, le temps des matches – gratuits – sur nos petits écrans.
Désormais, il faut savoir jongler. Et avec son compte en banque, et
avec sa télécommande, si l’on veut avoir la chance de se poser devant un
match de Ligue 1 ou de Ligue des champions. Reste la possibilité de se
mettre hors-la-loi via des sites spécialisés sur le Net. Mais chut. Même
si on comprend aisément qu’ils connaissent une croissance
exponentielle. Suivre son équipe préférée est presque devenu un luxe.
Ceci
dit, l’arrivée de gros investisseurs dans le monde du ballon rond a,
aussi, permis d’apporter ce qui manquait bien souvent au football
français : les moyens de ses ambitions et les résultats qui vont avec.
Pas étonnant, alors, que l’arrivée de Mediapro, en 2018, ait ravi pas
mal de clubs. La manne financière, ô miracle, induite par l’arrivée du
diffuseur n’était pas pour déplaire à des présidents bienheureux de se
partager le gâteau des droits télé. Mais l’accident industriel que
représente l’arrêt définitif de la chaîne Téléfoot risque de se révéler
aussi dramatique que le projet avait été porteur d’ambition. D’abord, il
laisse sur le carreau des dizaines de salariés. Ensuite, alors que le
foot français, lui aussi, souffre de stades vides en raison du
coronavirus, bien malin celui qui pourra entrevoir un avenir des plus
radieux. Le sport le plus populaire dans notre pays est en souffrance,
même si sur le terrain, ses stars continuent d’entretenir l’illusion.
Mais
soit dit en passant, ce fiasco n’était pas totalement imprévisible.
Tout ce qui brille n’est en effet pas or. Et en 2018, certains
émettaient de sérieux doutes sur la viabilité du projet, toutes griffes
dehors à l’évocation du diffuseur sino-espagnol. Ils n’ont pas été
entendus.
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