Bérangère Abba : « Nous devons redonner confiance en l’avenir »
Secrétaire d’Etat en charge de la biodiversité, Bérangère Abba préside le comité de suivi du plan de relance en Grand Est. Elle détaille ses missions en répondant aux questions du JHM.
Le JHM : Quels sont les grands objectifs de ce plan de relance ?
Bérangère Abba : Ce plan de relance, c’est 100 milliards d’euros jusqu’en 2022, dont 40 milliards obtenus grâce au soutien de l’Union européenne. Le plan est construit sur plusieurs piliers : protéger tous les travailleurs et nos entreprises afin de parer à l’urgence ; relancer notre économie par un investissement massif ; préparer l’avenir, en faisant de cette crise le vecteur d’une transition vers une économie plus verte.
Ce plan de relance concerne tous les pans de notre économie et touche tous les publics, particulièrement les plus fragiles notamment notre jeunesse. Il compte également un volet handicap, auquel je tiens particulièrement.
Seize des 100 milliards d’euros du plan de relance économique sont destinés aux collectivités et sont suivis par les préfets de région dans le cadre d’enveloppes régionalisées pour la restauration des bâtiments, la rénovation énergétique, les petites lignes ferroviaires, les territoires d’industrie, l’action Cœur de ville ou encore le recyclage de friches urbaines.
Le JHM : En quoi consiste votre rôle de présidente du comité de suivi du plan de relance en Grand Est ?
B. A. : J’aurai un rôle d’animation des débats, mais surtout d’écoute, d’information et de réponse aux inquiétudes.
Un plan construit pour le terrain, c’est un plan qui doit ensuite se développer par le terrain, en interaction avec les acteurs concernés. Nous devons être à l’écoute de ce qui nous remonte, des difficultés concrètes auxquelles sont confrontées nos entreprises.
J’ai aussi un rôle de diffusion de l’information. Le gouvernement doit être présent, aux côtés des services de l’Etat, pour présenter l’ensemble de ces dispositifs.
Enfin, nous devons être là pour répondre aux inquiétudes. Nous l’avons répété, nous ferons tout ce qui est en notre capacité et notre pouvoir pour ne laisser personne sur le bord de la route. C’était la promesse du président de la République lors du premier confinement, et cette promesse demeure. Au-delà de rappeler les dispositifs qui existent, nous devons donner confiance dans l’avenir.
Le JHM : Quelles sont les aides offertes aux acteurs économiques dans le cadre de ce plan ?
B. A. : Elles sont nombreuses et concernent l’ensemble de notre tissu : des artisans aux grandes entreprises, des agriculteurs aux industriels.
Parmi les dispositifs que je peux citer, il y a d’abord ceux qui sont mis en place depuis le début de la crise : le prêt garanti par l’Etat, l’exonération de cotisations sociales, les reports de cotisation ou le dispositif d’activité partielle.
Le plan de relance mobilise ainsi 1,2 milliard d’euros pour aider les entreprises industrielles à investir dans des équipements moins émetteurs de CO2. Parmi les nouvelles aides, je peux vous dire que dans le cadre du plan de relance les TPE/PME bénéficieront de plus de 25 milliards d’euros de mesures de soutien en matière de rénovation énergétique, de numérisation, de création de foncières pour redynamiser les commerces de centre-ville ou de baisse des impôts de production.
Quelque 29 projets du Grand Est ont été sélectionnés, pour un soutien de 12 millions d’euros et un volume d’investissement prévisionnel de 110 millions d’euros de la Région et de l’Etat. Cela permettra de créer 254 emplois et d’en conforter 500 autres.
Le JHM : Y a-t-il encore des opportunités à saisir ?
B. A. : Bien sûr. Le plan de relance s’étend jusqu’en 2022. Bruno Le Maire l’a annoncé lors de l’examen du projet de loi de finances, nous avons pour objectif de dépenser 42 milliards d’euros en 2021 et une somme équivalente en 2022. Oui, les opportunités seront donc nombreuses.
Un calendrier des appels à projet a d’ailleurs été mis en ligne par le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance (www.economie.gouv.fr). Pour notre région et en particulier pour la Haute-Marne, les opportunités se trouvent notamment – mais pas uniquement -, dans le domaine agricole, des industries, avec le soutien à la décarbonation et le soutien à la relocalisation avec un fonds doté de 400 millions d’euros, de l’économie circulaire, des circuits courts, dans l’investissement que nous ferons pour la préservation de l’emploi dans la R&D [recherche et développement, Ndlr].
Le JHM : Quels sont les projets concrets déjà sur les rails grâce au plan de relance en Haute-Marne ?
B. A. : Pour le moment, quatre projets haut-marnais vont bénéficier d’un soutien de l’Etat. L’entreprise Freudenberg disposera d’un soutien de 1,67 million d’euros. Elle souhaite localiser en France la partie industrialisation puis production d’un produit innovant développé dans son centre de recherche allemand. Il y a également l’entreprise Lisi, lauréate d’un fonds du ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance pour moderniser nos industries. Afin de développer une nouvelle famille d’aubes de moteurs d’avion de dernière génération, elle a présenté un projet qui vise à la modernisation des lignes de production et leur transformation digitale.
Dans le cadre du fonds de soutien à la (re)localisation d’activités économiques, le projet Organicpac SAS qui doit s’implanter à Rolampont a été retenu. Son activité est axée sur la production d’emballages agroalimentaires compostables. Il y a enfin la Sogefi suspensions à Fronville, dans un appel à projet pour la filière automobile, qui modernise sa chaîne de production de ressorts à chaud.
Propos recueillis
par Sylvie C. Staniszewski