C’est (presque) parti – L’édito de Patrice Chabanet
Après les Britanniques et les Américains, les Européens vont bientôt pouvoir se faire vacciner contre le coronavirus. Ne manque que l’autorisation de mise sur le marché de l’Agence européenne du médicament, prévue le 21 décembre. Elle sera suivie d’un avis de la Haute autorité de santé qui devrait la valider. Donc, si tout va bien, les premières vaccinations devraient être administrées avant fin décembre. Tout un symbole : le virus aura trouvé sa parade l’année même où il a frappé l’espèce humaine. On ne le soulignera jamais assez : les chercheurs ont accompli des prodiges pour réduire à l’extrême le temps de développement du produit : moins d’un an au lieu d’une décennie.
On doit à l’Allemagne le coup d’accélérateur final. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est allemande. Ceci explique cela. Les souverainistes y ont vu une nouvelle preuve de « l’Europe allemande ». Mais c’est une autre histoire, celle du virus germanophobe.
Les premiers servis seront les Ehpad. Puis viendront les personnes vulnérables et les professionnels de santé. Une inconnue de taille : combien accepteront de se faire vacciner ? Pas question d’instaurer une quelconque obligation, a rappelé Jean Castex à l’Assemblée nationale. Le vaccin sera l’affaire d’un « consentement ». Face à la méfiance des Français, attestée par les sondages, il aurait été périlleux de rendre le vaccin obligatoire. Ce passage en force aurait été perçu comme une faiblesse coupable des autorités médicales et du gouvernement incapables de convaincre.
On peut parier, sans risque de se tromper, que la progression de la vaccination et la baisse du nombre de contaminations feront reculer le mur de la méfiance. Ou, plutôt, de l’attentisme. Et de l’attentisme à la prudence la différence est fine. Pas de quoi prendre les Français pour d’irréductibles adversaires de l’innovation médicale. Ils attendent seulement.