Surchauffe – L’édito de Patrice Chabanet
L’année n’est pas encore finie qu’on sait déjà qu’elle sera l’une des plus chaudes enregistrées. La température mondiale moyenne devrait être supérieure de 1,2 degré par rapport à la normale. Le chiffre peut paraître dérisoire, mais il correspond à une mutation profonde du climat. L’information est passée pratiquement inaperçue, car elle résiste mal à la concurrence quotidienne de la Covid. C’est oublier que le coronavirus, malgré son côté spectaculaire et meurtrier, devrait être vaincu d’ici à un an. Le réchauffement climatique, lui, semble inexorable. L’ONU prévoit même que la température mondiale moyenne devrait dépasser la normale de 1,5 degré dans les cinq années à venir La liste des dégâts qu’il provoque ne cesse de s’allonger : gigantesques incendies en Australie, en Amérique du Nord et au Brésil, ouragans de plus en plus forts, fonte des glaciers. En France, ce sont des crues incontrôlables comme celle qui a dévasté une partie des Alpes maritimes.
La prise de conscience de la catastrophe à venir est là, mais des intentions à l’action le fossé reste béant. Or l’inertie des phénomènes climatiques interdit toute amélioration rapide. On ne gère pas la transition écologique avec un claquement de doigts. Comment changer les systèmes de production ? Comment se passer des énergies fossiles ? Comment contraindre les pays émergents de renooncer aux plaisirs de la consommation dont ont joui les pays développés pendant des décennies ? Comment mettre fin au système de l’obsolescence programmée ?
Avant un éventuel retournement de la situation, la planète sera confrontée à des phénomènes que l’on sent proches. Ainsi l’élévation du niveau des océans va chasser des centaines de milliers de personnes des rivages et provoquer des migrations climatiques. Tout ça pour un petit degré de plus. Il en est de la climatologie comme de l’horlogerie de précision. Plus facile à détraquer qu’à réparer.