Les acteurs du monde de la culture cultivent l’optimisme
L’année 2020 aura été plus que compliquée à bien des égards, mais sans doute plus pour les comédiens, acteurs, peintres, sculpteurs, intermittents ou metteurs en scène. Le JHM donne la parole à deux représentantes de la culture haut-marnaise qui veulent garder l’espoir.
Anne Procureur : « Les relations sont décuplées ! »
Installée à Lafauche en tant qu’artiste depuis 2018, Anne Procureur travaille la céramique, fait des modelages, de la rocaille, des sculptures en raku et émaillages. L’artiste ouvre régulièrement son atelier et sa boutique au public dans cette petite localité à l’Est du département. Elle a la chance d’avoir pu exposer ses œuvres à la boutique éphémère, à Chaumont (ouverte jusqu’au 31 décembre), ainsi qu’à Neufchâteau (jusqu’à hier soir). « Avec les incertitudes, tout s’est fait à la dernière minute. Cela nous a forcés à être plus inventifs », observe cette artiste qui sait communiquer son énergie positive. « Après le confinement et l’isolement, on était très content de pouvoir échanger, discuter. Les relations sont décuplées ! »
Une fenêtre en décembre
Saluant la force de l’instant présent, Anne Procureur est parfaitement consciente de la chance qu’elle a eue – par rapport à d’autres – de pouvoir exposer. « On a rechargé les batteries. L’accueil a été formidable. » Elle n’est pas mécontente de « regagner sa tanière » à Lafauche, comme elle le dit en plaisantant. Forte de cette énergie emmagasinée au contact des autres, elle va pouvoir se replonger dans ses créations. « Depuis le premier confinement, je me suis pas mal mise à Facebook. Je propose des petites vidéos. J’ai l’impression que ça aide les gens. Et ça me fait plaisir », conclut-elle en souriant.
Naho Da Piedade : « Nous allons nous réinventer »
Directrice de la programmation au café-théatre-concert La Lucarne, à Joinville, Naho Da Piedade garde son humour en toute circonstance.
Avec 140 places, c’est une salle à taille humaine. La Lucarne a pourtant été touchée, comme les grandes salles de spectacle. L’année a été compliquée. « À l’heure actuelle, je suis pleine d’espoir pour l’avenir. Mais c’est aussi difficile. J’aurais aimé que l’on nous dise : “ OK, c’est compliqué, on se donne six mois pour voir comment gérer et après on refait le point”. Mais on nous a dit : “dans deux mois on rouvre”. Nous avons donc préparé cette réouverture. Entre-temps, on nous a rajouté des contraintes. Nous avons suivi en y répondant. Puis, en fin de compte, on n’a pas pu rouvrir… » Les déceptions se sont enchaînées dans le monde du spectacle.
« Humainement, c’est difficile ! Et le public s’y perd », reprend Naho. La programmation s’est faite et défaite au fil des mois. Et bien sûr, les rentrées d’argent ont été moindres.
Prendre son mal en patience
Comment aborder l’année à venir dans ce contexte ? « Je vais arrêter de faire croire au public qu’il y aura des représentations. Nous devions jouer le 22 décembre. Nous avons répété en visio et puis rien… On entend que l’on va peut-être être reconfiné, que l’on pourra reprendre mi-février ou fin mars. C’est compliqué. Faire une programmation, cela serait donner de l’espoir. » Une fois cet état des lieux dressé, Naho confirme que comme les comédiens et directeurs de théâtres qui ont la foi, elle tiendra. « Ce qui ne s’est pas joué là, on va le rejouer. Dans un premier temps, nous programmerons nos propres spectacles. Je pense que cela sera un peu ça partout, car faire venir des compagnies, cela coûte de l’argent. »
Optimiste malgré tout, Naho pense que la situation forcera sa profession « à se réinventer, à sortir un peu de notre zone de sécurité artistique. Peut-être essayerons-nous d’aller vers un autre public ? Nous jouerons peut-être en matinée ? »
« On ne fera peut-être pas quinze spectacles en 2021, on en fera peut-être que huit, mais nous ferons de la qualité », conclut-elle, prête à prendre son mal en patience.
S. C. S.