Le Rafale Solo Display de retour dans les airs à Saint-Dizier
Défense. La saison des entraînements a repris pour le Rafale Solo Display (RSD) à la base aérienne 113 de Saint-Dizier. Le capitaine et pilote Bertrand Butin réalise les figures de voltige, dédiées à la démonstration du savoir-faire technologique lors des meetings ou des salons industriels.
Depuis quelques jours, le ciel de Saint-Dizier s’anime. On observe des ronds et de larges boucles sur le bleu azur. Des figures de voltige aérienne tracées par le Rafale Solo Display (RSD), ou plutôt son nouveau pilote, le capitaine Bertrand Butin. Le militaire succède au capitaine Jérôme Thoule au poste de pilote présentateur.
Outre la création d’un vol de dix minutes démontrant les capacités d’un Rafale, il lui revient de « présenter l’avion, ses qualités, ses performances, l’armée de l’air » sur le terrain, face au public, aux élus, au monde industriel, lors de meetings ou de salons professionnels.
S’adapter à la proximité du sol
Dans ce but, cet ancien pilote de Mirage F1, qui a été l’un des premiers à basculer sur les Rafale en 2012, a été affecté à la base bragarde l’an dernier. Et depuis cette semaine, il a démarré les entraînements et prend ses marques, avant d’entamer les meetings qui se tiendront de mai à octobre. « Les entraînements sont adaptés et évolutifs. Pour l’instant, je commence en haute altitude et puis, je me rapprocherai du sol. Il faut que je m’habitue avec la proximité du sol, être à 2 000 pieds, puis à 1 000 pieds », commente Bertrand Butin.
Comme tous les pilotes, ll a réalisé la mise en scène de la chorégraphie aérienne, qui dure 10 min. « Il faut que ce soit très dynamique, impressionnant, avec du rythme donc des passages lents et des passages rapides », explique-t-il. Au programme : le panel des figures de voltige soit des boucles, des tonneaux, des barriques. « On utilise toute la plage de vitesse, de 200 km/h à 900 km/h et en facteur de charge, on passe de – 3G à + 10G ». Avec des représentations qui se veulent également « proches du public, il faut qu’il puisse nous voir ».
Une chorégraphie qu’il répète sur le sol, juste avant de monter dans l’avion. « On appelle ça la musique. Il s’agit de la préparation mentale pour partir en vol. Elle nous permet de rentrer dans un état de concentration optimale, pour ne plus avoir de doutes lors du vol. Elle dure une minute à une minute et demie. C’est utile, notamment pour les sens de rotation, pour ne pas se tromper. Il n’y a pas de place pour la réflexion », précise le militaire. Pour autant, s’il se trompe, il n’y a pas de problème de sécurité. D’ailleurs, « le public ne s’en rendrait pas compte sauf un expert ».
Trois entraînements par semaine
Le capitaine s’entraîne trois fois par semaine, pendant quinze à 20 minutes. « Le corps ne peut pas plus », confie-t-il. Même pour la voltige, le militaire est muni d’une combinaison anti-G, qui comprime les parties basses du corps et évite l’évanouissement provoqué par les facteurs de charge. Il endosse aussi un gilet contenant un dispositif de sécurité, en cas d’éjection. Bertrand Butin a aussi placé sur l’une de ses jambes une sorte de mémo. Des séances dans le simulateur permettent de renforcer la maîtrise du RSD.
Aucune date de présentation aux Bragards n’a été programmée, en raison du Covid, mais la base espère bien faire honneur à son nouveau pilote. Ce dernier devrait survoler 30 meetings cette année, principalement en France.
Marie-Hélène Degaugue
Une autre carrière dans le civil
Le capitaine Bertrand Butin n’est âgé que de 41 ans mais, bientôt, il mettra fin à sa carrière militaire pour entamer une carrière dans le civil. « Pendant quatre ans, je serai ambassadeur du Rafale. Pendant deux ans, je suis pilote présentateur, puis coach pour le nouveau pilote les deux années suivantes. »
Il n’a pas choisi de continuer dans l’armée, en étant fonctionnaire. Néanmoins, il souhaite rester dans le milieu de l’aérien. « Il y a l’aviation de ligne, commerciale, d’affaires. Ou alors, pourquoi pas partir chez Dassault ». Mais avec l’apparition du Covid, des compagnies ont fortement réduit leur recrutement alors qu’elles manquaient de pilotes avant la crise. « C’est un secteur dynamique mais cyclique, j’ai confiance dans l’avenir. Même s’il y a eu un arrêt, dès que les vols ont pu reprendre, ça a bien redémarré. Les gens veulent voyager. »
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