Ras-le-bol – L’édito de Christophe Bonnefoy
Par les temps qui courent, on serait presque heureux que le latin ne soit plus une matière communément enseignée au collège. On finirait par le perdre. Son latin. On ne sait en outre pas si le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, décline avec aisance cette langue morte. On remarque en revanche qu’il a bien du mal à se faire comprendre. On peut accepter, bon gré mal gré, qu’il n’arrive pas à afficher un langage clair et constant face à une pandémie qui ne cesse d’évoluer. Chacun, en l’occurrence au sein des établissements scolaires ou chez les parents d’élèves, admettra qu’il lui est impossible de tirer des plans définitifs sur la comète, en matière de dispositions sanitaires au sein des écoles, des collèges ou des lycées.
Mais ça commence à faire beaucoup. Beaucoup d’incompréhensions, beaucoup de mesures presque aussitôt démenties par d’autres… Beaucoup de maladresses de langage, même. De quoi installer encore un peu plus de lassitude et de colère. De quoi laisser augurer, aussi, ce jeudi, un mouvement de grève largement suivi par les professeurs… et les parents, qui ne manqueront pas d’être solidaires d’une profession qu’on a largement obligée à tirer sur la corde. Avec des conséquences inévitables sur les élèves, leur parcours scolaire et forcément les familles.
Ce n’est d’ailleurs pas la dernière sortie du ministre qui aura contribué à apaiser la situation. Certes, « on ne fait pas grève contre un virus ». Mais pour le coup, ce n’est pas contre le Covid que le corps enseignant se mobilise. Si on pouvait éradiquer un virus en stoppant le travail, ça se saurait. Et ça serait presque trop beau. Ici, les professeurs contestent le manque de moyens. Eux ne sont pas en campagne. Ils veulent simplement pouvoir faire leur métier dans de meilleures conditions. Et sortir de la « pagaille » qu’ils dénoncent depuis des semaines, voire des mois.