Dr Simon sur la Covid-19 : « il faut impérativement se faire vacciner »
Vendredi dernier, le Dr Bernard Simon, pneumologue à la clinique de Chaumont, est l’un des premiers soignants à s’être fait vacciner contre la Covid-19. Pour lui, cet acte est indispensable pour pouvoir enrayer cette pandémie. Il souhaite ainsi lever les doutes de la population. Interview.
JHM : En vous faisant vacciner dès vendredi dernier contre la Covid-19, quel message voulez-vous envoyer ?
Dr Bernard Simon : Qu’il faut impérativement se faire vacciner. Je trouve regrettable que certains médecins tiennent des propos négatifs par rapport au vaccin. Il est le seul traitement possible pour venir à bout de cette pandémie. Qui plus est, c’est un traitement préventif.
D’ailleurs, il est paradoxal de voir que, cette année, le nombre de personnes vaccinées contre la grippe est en nette augmentation et que, dans le même temps, autant de réserves s’expriment autour du vaccin contre la Covid–19.
JHM : Les doutes viennent souvent de la rapidité avec laquelle le vaccin a été élaboré. Pouvez-vous l’expliquer ?
B. S. : Tout simplement, les laboratoires ont mis une grande partie de leurs moyens humains et financiers sur cette recherche. Ils ont interrompu d’autres essais thérapeutiques et, en plus, les Etats-Unis et l’Europe ont apporté des millions d’euros pour aller au plus vite.
JHM : La population doute également de l’efficacité des vaccins et des effets secondaires. Comment la rassurer ?
B. S. : A la deuxième dose, celui de Pfizer est efficace de 90 à 95 % des cas. Cette efficacité est prouvée et elle est rarement aussi élevée pour un vaccin. Quant aux contre-indications, elles sont peu importantes : avoir eu la Covid depuis moins de trois mois, s’être fait vacciner contre la grippe depuis moins de trois semaines, être enceinte, être allergique au point de faire des chocs anaphylactiques.
Cela dit, je suis allergique au pollen et je n’ai eu aucune réaction après ma vaccination.
JHM : Justement, comment s’est déroulée cette vaccination ?
B. S. : La démarche pour la population a été simplifiée. Elle devait aller voir son médecin traitant puis se rendre au centre de vaccination, en l’occurrence à l’hôpital, quatre jours après.
Désormais, il suffit de prendre rendez-vous au centre. On arrive. On se présente. Un médecin procède à un examen. Il donne le feu vert et une infirmière procède à la vaccination. Le patient reste en observation 15 mn et un rendez-vous est pris pour le rappel, dans trois semaines.
A noter que je suis adepte des trois semaines et non pas des six semaines comme certains le proposent.
JHM : Deux polémiques sont nées de cette crise sanitaire. Que dire des lenteurs administratives ?
B. S. : Que je ne suis pas surpris. Que la France est connue pour sa bureaucratie et sa lenteur. Par exemple, je m’interroge sur l’absence de contrôles aux frontières avec le Royaume-Uni pour lutter contre l’arrivée du virus mutant.
JHM : Que dire alors du rejet de la vaccination par les Français ?
B. S. : C’est dans la nature des Français qui sont avant tout des Latins. A force d’entendre tout et son contraire sur les plateaux TV, le discours se dilue. Les Français ne savent plus qui croire. Ils doutent de tout.
Les antivaccins ont toujours existé mais ils doivent se souvenir que grâce à eux nous avons éradiqué totalement la polio, la rubéole, la rougeole. Il ne faut pas se relâcher. Sinon, elles reviendront.
JHM : En tant que pneumologue et oncologue, est-ce que cette pandémie aura des conséquences sur vos patients ?
B. S. : Je n’ai jamais arrêté mes consultations mais le plus inquiétant est les retards de diagnostics dans des maladies comme le cancer. Les chances de guérison s’en trouvent amputées.
De toute façon, nous ne mesurons pas encore toutes les conséquences de cette pandémie sur le plan sanitaire comme sur le plan économique. Je pense, par exemple, à toutes ces personnes qui sont passées en réanimation et qui ont été intubées. Il est difficile de croire qu’elles n’auront pas de séquelles. C’est un argument de plus pour aller se faire vacciner et, en particulier, dans l’Est de la France. D’ailleurs, j’ai beau essayer de comprendre mais je ne m’explique pas pourquoi toute la façade Est est beaucoup plus touchée que l’Ouest. C’est une énigme autour de ce virus.
Propos recueillis par Frédéric Thévenin