L’autre départ – L’édito de Patrice Chabanet
L’un s’en va cette semaine, l’autre en septembre. Deux départs aux conditions contrastées. Le premier, celui de Trump, se termine dans la confusion et le tumulte, avec un parfum de guerre civile. Le second, celui d’Angela Merkel, met fin à 16 ans de gouvernance récompensés par une incroyable popularité de 70%. Un ancrage dans l’Histoire de son vivant. Le premier gravait son image dans ce qu’il y a de plus grotesque, au point que ses foucades ne surprenaient plus personne. La seconde avait une sainte horreur des paillettes. Mutti, originaire de la RDA, a géré l’Allemagne comme une grande famille réunifiée. Avec succès. Il fallait avoir du cran et du courage pour accepter l’intégration de plus d’un million de réfugiés. Sur le plan économique, elle s’est inscrite dans le sillon des réformes tracé par Gerhard Schröder, son prédécesseur. L’Allemagne est devenue la première puissance européenne qui fait référence dans les secteurs clefs.
La question est maintenant de savoir qui portera son héritage politique. La réponse est venue de la CDU, le parti de la chancelière. Elle a élu à sa présidence Armin Laschet. Des trois candidats, c’est lui qui était le plus favorable à la continuité avec l’action d’Angela Merkel. La tradition veut que le président du parti majoritaire accède à la chancellerie. Mais sur sa route se trouve Markus Söder, président de la CSU, version bavaroise de la CDU. Il est plus populaire qu’Armin Laschet, ce qui risque d’entretenir un certain suspense. Mais d’ici aux élections législatives prévues en septembre, on peut parier que l’actuelle chancelière s’évertuera à faire gagner son poulain. Au pire, quel que soit son successeur, ce dernier se gardera bien de défaire une politique qui suscite l’admiration au-delà même des frontières allemandes. De quoi rendre jaloux bon nombre de dirigeants européens.