Un vent de révolte – L’édito de Patrice Chabanet
Reconfinement ou non ? Il faudra attendre encore quelques jours avant de connaître la décision qui serait annoncée par le chef de l’Etat. Auparavant, Emmanuel Macron veut connaître les résultats de l’extension du couvre-feu, ce qui semble frappé du bon sens. Pourquoi appliquer à la population le régime de fer que constitue le confinement si le couvre-feu manifeste une certaine efficacité ? De nombreux spécialistes nous avaient annoncé une explosion de la pandémie dans le sillage de la Saint-Sylvestre. Elle n’a pas eu lieu. La spécificité du coronavirus est bien là, dans sa capacité de déjouer les pronostics.
La prudence – les hésitations ou le manque de vision, diront certains – de l’exécutif s’explique aussi par le risque social. Le deuxième confinement avait révélé une hostilité de l’opinion publique plus grande que le premier. D’où la crainte diffuse qu’un troisième confinement déclenche des mouvements incontrôlés dans une population à bout, littéralement emprisonnée dans un carcan d’interdits et de restrictions.
Le risque d’explosion n’est pas une vue de l’esprit. L’exemple nous vient des Pays-Bas. Le pays ne passe pas pour un réservoir à contestations violentes, avec leurs cortèges d’affrontements avec la police, de voitures incendiées et de boutiques pillées. Or les principales villes néerlandaises se sont embrasées dimanche. Pas contre le confinement, mais seulement contre le couvre-feu. C’est dire l’irritabilité d’une partie de la population. Dès lors, on peut comprendre que Macron ne se jette pas tête baissée dans le confinement. Assurément, ce dernier réduira le risque sanitaire, mais dans un pays aussi fracturé que le nôtre il peut entraîner la coagulation de tous les mécontentements catégoriels. Fort heureusement, le pire n’est jamais sûr. Certes la colère rentrée a l’apparence d’une bombe à retardement. Mais, en même temps, elle est contrebalancée par un sentiment de résignation. Donc d’acceptation.