Une voie étroite – L’édito de Patrice Chabanet
Le confinement n’est plus à l’ordre du jour. Pour le moment. Les interventions du Premier ministre se limitent donc à des points d’étape. Peu de mesures fracassantes qui, elles, sont décidées par le chef de l’Etat. On en reste aux réglages. Jean Castex les justifie par la stabilisation de la situation sanitaire. En résumé, la situation est fragile, mais sous contrôle. La comparaison avec nos voisins européens serait même à notre avantage, notamment en ce qui concerne le nombre de décès rapporté aux cas de contamination. Ce discours se veut rassurant mais laisse un peu perplexe. On sait en effet qu’on peut tout faire dire aux chiffres et qu’ils alimentent le brûlot des polémiques politiques. Surtout, les dernières déclarations du gouvernement donnent lieu à un retournement de rhétorique difficile à suivre. Il y a une dizaine de jours, on nous laissait clairement entendre qu’il y aurait le retour du confinement. La seule question était de savoir s’il serait soft ou « très serré ». On connaît la suite : un simple resserrage du couvre-feu, avec des contrôles renforcés aux frontières et la fermeture des centres commerciaux de plus de 20 000 mètres carrés..
L’intervention, hier, de Jean Castex et de ses ministres n’a pas dérogé à cette nouvelle ligne stratégique. De toute évidence, Emmanuel Macron a voulu reprendre la main dans un dossier ultra-sensible et tordre le coup à la pression médiatique. Une manière de nous faire savoir : « c’est moi le chef ». Et de déléguer à son Premier ministre les informations intermédiaires. Une position dictée par l’approche de l’échéance présidentielle. Le chef de l’Etat fait un pari : les variants – dont le britannique – ne submergeront pas l’espace sanitaire comme ils l’ont fait en Grande-Bretagne et la généralisation de la vaccination les bloquera. S’il y parvient, sans passer par la case confinement, ce sera bingo pour lui. Dans les deux à trois mois à venir, les dés seront jetés.