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Trains sur la ligne 4 : état des lieux et réactions

La ligne 4 qui permet de rejoindre Paris au départ de Langres ou de Chaumont propose une offre dégradée en ce début d’année 2021. La faute à la conjonction de deux facteurs : la crise sanitaire et des travaux de maintenance.

Arriver avant 8 h 30 à Paris au départ de Chaumont le matin ? En ce moment ce n’est pas possible. Ou alors, c’est tout un périple qui démarre à 4 h 08 et qui passe par Troyes où on arrive en bus avant de prendre un train… Ce n’est qu’un exemple qui atteste que l’offre sur la ligne 4 s’est dégradée. Les usagers réguliers ou plus occasionnels du train s’en rendent compte et s’en plaignent. Après les deux trains “directs” du matin, à 6 h 12 puis à 7 h 39 qui ont des temps de trajets normaux (un peu plus de 2 h 30), il faudra attendre 17 h 55 pour avoir un nouveau direct pour Paris, toujours au départ de Chaumont ou de Langres (17 h 33). Le reste des liaisons en pleine journée passe par le bus pour rejoindre Troyes. Une proposition rédhibitoire pour beaucoup. Les syndicats de Cheminots n’avaient pas manqué d’alerter sur la situation (Le JHM du 3 février). Il s’avère que la ligne 4 subit la conjonction de deux facteurs. SNCF et Région Grand Est qui sont toutes deux à la manœuvre sur l’offre ferroviaire rappellent que nous sommes sur un plan de transports dit adapté. Adapté à quoi ? À la crise sanitaire car il y a moins de voyageurs qu’en temps normal. « Nous avons un chiffre global sur le Grand Est, nous sommes à – 38 % de fréquentation », nous précise la direction régionale TER Grand Est.

La faute aussi à des travaux

La Région, par la voix de Mireille Gazin, présidente de la commission Transports et déplacements, rappelle aussi que le plan de transports adapté propose à l’échelle du Grand Est « 80 % de l’offre nominale », c’est-à-dire habituelle. Elle convient toutefois qu’il y a des disparités d’un territoire à l’autre, « mais nous veillons aux dessertes pendulaires quotidiennes », ajoute Mireille Gazin. Oui mais alors pourquoi tous ces bus en circulation ? Viendraient-ils remplacer des trains jugés insuffisamment rentables ? « Non », certifie Mireille Gazin, « il y a aussi des travaux de maintenance sur la ligne qui expliquent ces cars. »  La ligne 4, amputée depuis cette semaine de toute circulation entre Culmont et Vesoul jusqu’au 5 avril pour cause d’affaissement de terrain (Le JHM de jeudi), n’est donc pas dans une bonne passe. La Région l’assure. Lorsque les difficultés seront dépassées, la ligne Paris-Mulhouse retrouvera son niveau de service d’avant crise. « Nous n’avons nullement l’intention de le dégrader mais au contraire de renforcer cette ligne », assure Mireille Gazin. En Haute-Marne, on a pris note et date.

C’est vous qui le dites

Quelques réactions suite à l’appel à témoins passé via les réseaux sociaux.

Patrick Sauvain : « Les soucis de trains compliquent aussi la vie des abonnés de Chalindrey et Langres qui vont travailler à Chaumont et voient leur absence du domicile s’étendre au-delà du raisonnable. Sans compter les retards. Ils font presque autant de trajets en covoiturage. »

Aurélia Raillard Lopez : « Les problèmes de train, je connais. Je fais les allers-retours Chaumont-Paris plusieurs fois par semaine avec un abonnement annuel. Il y a de quoi être en colère. »

Di Casti : « Pour rallier Paris de Chaumont le week-end, il faut désormais prendre plusieurs trains et passer par Nancy, la gare de Lorraine à Metz, et finir à Montparnasse ou alors partir de Chaumont, aller à Mulhouse et reprendre un autre train pour Paris Est ! Je ne vous parle pas des trains qui, au dernier moment, changent de terminus ou sont tout bonnement annulés. Un vrai cirque ! »

Nicolas Barbant : « Mon fils ayant sa mère qui vit en région parisienne, nous ne pouvons plus faire les trajets par le train. Nous sommes obligés de faire en voiture sept heures aller-retour pour le déposer et sept heures aller-retour pour le rechercher… »

Une complication supplémentaire pour les étudiants

Les étudiants haut-marnais qui suivent des cours à Paris sont particulièrement touchés par la diminution du nombre de trains. Plusieurs témoignent.

Quelques étudiants haut-marnais ont répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux. Les complications pour se rendre à Paris ou en revenir font partie de leur quotidien. Ils s’ajoutent aux problèmes de connexion à Internet, à la lassitude des cours en visio et au manque de contacts sociaux avec les jeunes de leur âge. « Prendre le train, c’est devenu très compliqué. Personnellement, j’ai opté pour le covoiturage », indique Kimberley Viaron, étudiante haut-marnaise. Même son de cloche pour Rémy, étudiant à Paris : « Je passe par Blablacar. J’ai été trop déçu, trop de galères et d’heures perdues pour rien à attendre des trains. Avec ce système, au moins, on gère soi-même, on n’est pas “victime” d’un système qui nous échappe. » 

Marie-Gisèle Jacquot évoque un autre argument : « Pour les étudiants qui ont un seul train qui est annulé pour aller ou revenir de l’école, c’est très compliqué. »  Une maman revient sur les abonnements : « On paye l’abonnement de train et une fois sur deux, je suis obligée de ramener mon fils à Troyes en voiture. Franchement, ça fait râler », relève Karine Guichard.

Plus pratique de passer par Paris !

C’est à la suite d’un concours de la fonction publique que Magali travaille depuis septembre 2018 à Chaumont. Alsacienne d’origine, elle a choisi de privilégier le train pour relier Strasbourg, où elle vit, à son lieu de travail. Et qu’a-t-elle a constaté, en deux ans ? « Ils ne font que supprimer les trains, entre le Covid, les travaux, et maintenant un affaissement de terrain », déplore cette fonctionnaire. Ce qu’il y a d’incroyable, c’est qu’il est plus pratique, pour elle, de faire Strasbourg-Paris en TGV puis Paris-Chaumont sur la ligne 4, que de rejoindre la Haute-Marne à l’Alsace en passant par Mulhouse. « Avant, il y avait un TGV qui s’arrêtait à Culmont et qui allait à Metz, mais c’est terminé », note-t-elle. Depuis Noël, elle n’a plus pris le train, ayant désormais recours au voiturage. Comme d’autres collègues de Troyes ou de la région langroise. « Honnêtement, conclut-elle, le peu de desserte ferroviaire et la désertification de la ville de Chaumont – c’est incroyable le nombre de magasins qui ferment – me poussent à redemander une mutation inverse. Pour Strasbourg. »

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