Victime de violences pendant dix ans : « Cette relation m’a dévastée »
Tout juste sortie d’une relation qui l’a « dévastée », Céline (prénom d’emprunt) raconte son histoire et les difficultés qu’elle a rencontrées avant d’aller devant un juge aux affaires familiales pour commencer à sortir de cette situation.
Céline (prénom d’emprunt) est une femme de caractère, une femme qui sait dire non et qui ne se laisse pas démonter. Des relations, elle en a eues, sans jamais connaître de violences. Puis elle rencontre celui qui deviendra le père de son premier enfant. Deux ans de parfait amour où tout allait bien.
Malheureusement, la naissance de l’enfant révèle une tout autre personne. Les hurlements, les dénigrements, les insultes, les jets d’objets, les critiques de l’entourage, tout cela est brusquement devenu monnaie courante. Les problèmes d’addiction, déjà présents lorsqu’elle l’a rencontré se sont aggravés. « L’être humain est con : on s’attache à un passé qui n’existe plus au regard du présent. Mais on ne veut pas regarder le présent parce qu’il est pourri », explique-t-elle. Céline était consciente de ce qu’il se passait, elle savait que ce n’était pas normal. Mais dans cette situation « on a beau voir et comprendre, on n’est plus en capacité d’agir ».
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Il la menace de partir avec son enfant
Céline venait d’avoir son premier enfant, elle fondait une famille. « A ce moment-là, on doit être heureuse et en fait non… », dit-elle. Et « pour une mère, les enfants sont la meilleure des emprises ». Il la menace de partir avec son enfant, elle a peur de cela. Alors elle reste, pendant plusieurs années au cours desquelles elle va vivre « hors du temps ». La tête dans les violences permanentes, elle ne pense qu’à éviter ces dernières, s’en prémunir. Elle le dit, « il était tout le temps sur ma peau ». Lorsqu’il partait en crise, il lui hurlait dessus, la suivait partout dans la maison pour la traiter de tous les noms et lui reprocher toute la misère du monde. « La violence psychologique, c’est comme des coups, mais on ne les voit pas », raconte-t-elle.
Premier acte violent : « Là, je suis mal »
Un jour, il la violente. Ce jour-là, elle voit dans ses yeux que « ce n’était pas lui, il y avait comme un voile devant son regard ». Elle pense : « Oh putain, là, je suis mal ». Alors elle lui dit « Bah vas-y, t’as qu’à y aller ». Des paroles qui ont permis à l’homme de reprendre ses esprits. Il ne s’excusera jamais pour cet acte, mais reconnaîtra par la suite : « Tu as bien fait de me dire ça, j’allais te tuer ». Cette violence physique n’est pas fréquente dans sa relation, mais elle la marque à vie. Ce jour-là, elle ne porte pas plainte, parce qu’il n’y a pas de marque. Elle se dit qu’on ne va pas la croire.
Après la naissance de son deuxième enfant, Céline a ce déclic : « Je ne vais pas anéantir psychologiquement mon deuxième enfant ». Alors elle décide de se séparer. Ça ne se fait pas facilement. Il reviendra plusieurs fois avant qu’elle ne lui ferme définitivement la porte. Si elle finit par se sortir de cette situation, c’est parce qu’elle est entourée. Elle est suivie, pour d’autres raisons par une psychologue. Elle est soutenue par sa famille et par ses amis durant toute la relation. « Je leur disais “oui oui, ça va venir” , car je savais que j’allais avoir besoin de temps pour m’en sortir ».
Du temps, c’est ce dont ont besoin les victimes de violences qui sont sous emprise, pour partir. Elle décide de passer devant le juge aux affaires familiales pour que la garde des enfants soit encadrée et que son ex-conjoint ne puisse pas « partir avec (ses) enfants ». Ici, commence la dure période durant laquelle elle va progressivement sortir cette emprise et « relever la tête ».