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Violences conjugales : « Il faut voir ces relations comme des relations de dépendance »

Caroline Nicot, psychologue à l’Adaj* 52, reçoit régulièrement des victimes. Elle répond aux questions que l’on se pose sur les violences conjugales.

Le Journal de la Haute-Marne : Certaines personnes sont-elles “prédisposées” à commettre ou subir des violences au sein de leur couple ?

Caroline Nicot : Ce qui va conditionner nos choix amoureux à l’âge adulte sont les premiers liens d’attachement. Ce n’est pas systématique, mais quasiment tous les auteurs et victimes de violences ont connu de la violence dans leur famille. Soit parce qu’ils ont été violentés par leurs parents, soit parce que c’était le mode de fonctionnement entre leurs parents. L’inverse n’est pas vrai : tous ceux qui ont vécu de la violence dans l’enfance ne reproduiront pas ce schéma et vont se construire autrement.

Le JHM : Qu’est-ce qu’une relation d’emprise et comment la remarquer ?

C. N. : Une relation d’emprise est une relation de dépendance. Lorsque les deux personnes sont plus attachées l’une à l’autre qu’amoureuses. Cela peut commencer dès qu’il y a un manque de respect. Dès lors qu’on commence à faire des choses en anticipant la réaction de l’autre. Cela commence rarement par une gifle ou une insulte. Bien sûr, il faut nuancer, il peut arriver qu’une dispute aille plus loin que les autres sans que cela soit un mode de fonctionnement pour le couple. Ce qui est sûr, c’est que dans une dispute, aucun des deux ne doit avoir peur de dire à l’autre ce qu’il pense.

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Le JHM : Il arrive que les victimes retournent dans les bras de leur “bourreau”, cela peut décourager l’entourage, et même les professionnels. Pourquoi font-elles ça ?

C. N. : Il faut voir ces relations comme des relations de dépendance. Si quelqu’un de votre entourage vous dit qu’il a arrêté de fumer puis qu’il reprend trois mois après, vous n’allez pas arrêter de le voir. Pour les violences conjugales, c’est pareil, il faut rester et continuer d’être là pour la victime.

Le JHM : Peut-on changer/guérir quelqu’un de violent ?

C. N. : Non. On ne peut pas changer quelqu’un, il peut changer s’il le décide. Mais cela doit être une démarche personnelle de l’auteur.

La Haute-Marne est un département très touché par les violences conjugales. ©AdobeStock

Le JHM : Beaucoup de victimes ne se rendent pas compte que ce qu’elles vivent est anormal, comment sortir du déni ?

C.N. : Le plus souvent, lorsque je reçois des victimes qui essayent de minimiser les faits, je leur demande : “Si c’était votre sœur ou votre meilleure amie qui vivait ça, que lui diriez-vous ?” Souvent le fait de se décentrer leur fait prendre conscience du problème.

Le JHM : Faut-il intervenir auprès de l’auteur si une personne de notre entourage est victime de violences, mais ne souhaite pas porter plainte ?

C. N. : Dans l’idéal, il faut qu’il y ait un environnement familial ou amical où on se répartit les rôles. Il faut qu’il y ait « un méchant », qui va confronter la victime en lui disant : “Tu ne peux pas le laisser te traiter comme ça”, au risque qu’il y ait une rupture de relation. Cette même personne peut aller voir l’auteur en lui disant “maintenant, c’est fini, moi, je sais et la prochaine fois, je dénonce”. À côté de cela, il faut quelqu’un qui soit réellement dans la compréhension et l’écoute de façon à ce qu’il y ait toujours un regard extérieur possible. Le pire qui puisse arriver, c’est que ça commence à ne vraiment fonctionner qu’à huis clos.

*Association départementale d’aide aux justiciables.

Clara Blondelle

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