La santé et le droit – L’édito de Patrice Chabanet
Le sujet est régulièrement évoqué…avec des pincettes. Il s’agit du passeport sanitaire. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen vient de franchir un pas supplémentaire sur un chemin parsemé d’embûches. Elle a annoncé un projet de « passeport vert » numérique. Simplement dit, ce document contiendrait des attestations de vaccin ou de tests négatifs. L’idée est de favoriser la libre circulation entre les Etats membres, la raison d’être de ce qui fut le Marché commun devenu l’Union européenne. Or la fermeture des frontières, justifiée par la flambée de la pandémie dans certains pays et dans certaines périodes érode ce principe, tout en favorisant les courants souverainistes.
Mais il y a loin des intentions à l’application du passeport sanitaire. Sur un plan purement technique, quelle serait la valeur de ce sésame quand le pourcentage de vaccinés reste inférieur à 40% ? Les autres – les non-vaccinés – seraient astreints à subir régulièrement des tests, ce qui n’est pas le gage d’une plus grande mobilité. Plus grave : les premières victimes de ce système seraient les jeunes car ce seront les derniers vaccinés, si l’on se fie aux calendriers de vaccination.
Tous ceux qui s’opposent au passeport sanitaire ou qui sont réticents craignent de voir l’Europe mettre le doigt dans l’engrenage d’une forme de fichage de la population. Et cela d’autant plus que le projet présenté par Ursula von der Leyen prévoit la mise en place d’une « plateforme centralisée ». L’inscription de données concernant la vaccination reste, qu’on le veuille ou non, des données personnelles. Quand on voit les dérives autoritaires d’Etats membres comme la Pologne et la Hongrie il y a lieu d’être vigilant. Et de border le passeport sanitaire d’un maximum de sécurité au profit du citoyen.