Fébrilité extrême – L’édito de Patrice Chabanet
Cette pandémie aura réussi à mettre nos sociétés à cran, et plus particulièrement les scientifiques et les politiques. Le moindre incident peut donner lieu à des mesures radicales car la priorité des priorités reste le principe de précaution. La suspension, au Danemark, en Norvège et en Islande, du vaccin AstraZeneca, en apporte la preuve presque caricaturale. En cause : la formation possible de caillots sanguins et au-delà, de thromboses et d’embolies pulmonaires. A première vue, le principe de précaution paraît louable mais il efface la frontière entre vitesse et précipitation. On a appris en même temps que les cas détectés n’étaient pas plus élevés que dans la population non vaccinée. Malheureusement quand l’information a commencé à circuler, elle a fait tout de suite le buzz. Les précisions rassurantes de l’Agence européenne des médicaments en sont devenues d’autant moins audibles. Ramener ces incidents à de plus justes proportions devient quasiment impossible. On nous cache tout…La machine infernale du soupçon est en marche. S’y engouffreront tous les adversaires de la vaccination.
Les gouvernements danois, norvégien et islandais ont certainement de bonnes raisons de suspendre la prescription de l’AstraZeneca. Mais il aurait été plus judicieux de garder son sang-froid. Et de présenter toutes les données du problème pour que chaque citoyen puisse établir s’il y a corrélation entre le vaccin et certaines pathologies sanguines, ou tout simplement coïncidence. En clair, fournir tous les chiffres pour se livrer à des comparaisons robustes. Faute de quoi, l’opinion publique déjà tourneboulée par tous les discours sur la pandémie risque de se méfier de la vaccination. Le seul moyen, AstraZeneca compris, de vaincre le coronavirus.