La guerre des chiffres – L’édito de Patrice Chabanet
Les soignants sont là, le scepticisme général a fondu comme neige au soleil, les Ehpad commencent à respirer, la perspective d’une sortie de crise se fait plus précise. Tout baigne alors ? Ce serait sans compter un petit « hic » : le retard des livraisons de vaccins. Rien de catastrophique, mais des baisses qui se précisent. Malgré l’optimisme affiché par le gouvernement, l’objectif de 10 millions d’injections d’ici à mi-avril paraît donc difficile à tenir. L’entrée en piste de Johnson & Johnson devrait limiter les dégâts, même si lui aussi a revu à la baisse le volume de ses premières livraisons.
Des raisons techniques sont avancées par les laboratoires, avec un argument de poids : on n’a jamais vu la mise au point et la commercialisation d’un nouveau vaccin en si peu de temps. Cela expliquerait les couacs de production pour des produits particulièrement difficiles à fabriquer. Un discours qui convainc de moins en moins les décideurs politiques. Ils sont systématiquement accusés par leur opposition d’incompétence ou de défaillance en matière d’anticipation. Des polémiques qui touchent maintenant des pays aussi consensuels que l’Allemagne.
Les gouvernements peuvent déplorer ou hausser le ton, leur marge de manœuvre est très mince. Rompre les marchés conclus pour non-observance des contrats ? Inimaginable car, dans la situation actuelle, l’excès de juridisme serait contre-productif. Mieux vaut recevoir moins de vaccins que pas du tout. Une question de simple logique. A la fin de la pandémie, il sera temps de régler les comptes sur les…chiffres. Les labos nous promettent qu’à partir de mai ou de juin les livraisons seront massives. Tant mieux. Il eût été préférable que des labos français ou européens aient pu relever le défi du coronavirus. Trop tard pour cette fois. Mais il devient urgent de se préparer pour l’assaut d’un nouveau virus.