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Daniel Carlier, fait pour le sax

Personnage incontournable du paysage musical haut-marnais, Daniel Carlier affiche un parcours prestigieux. Coup d’œil sur les quarante années de musique et les mille projets d’un saxophoniste, arrangeur et chef d’orchestre très prisé. A juste titre.
Né près de Valenciennes, Daniel Carlier se considère comme un pur produit de la musique en milieu scolaire. Séduit par le chef de la fanfare venu présenter les instruments à l’école, il sera un des seuls élèves du collège à adorer son professeur de musique et les cours de flûte à bec. Sa vocation de clarinettiste est contrariée (pas d’instrument disponible). Soit ! Il jouera du saxophone. Mais il n’a pas de professeur. Tant pis ! Il apprendra seul les bases avant de recevoir quelques cours. Quand il atteint le Conservatoire de Valenciennes, Daniel est contraint à l’apprentissage simultané du basson. Dans le même temps, il travaille dur pour décrocher son bac C. Il accumule alors les premiers prix de Conservatoire et les participations à des ensembles renommés, nombreux et très suivis dans le Nord de la France. Après une année de musicologie à Lille, où il suit parallèlement le Conservatoire, le saxophoniste confirmé va aborder un premier virage.
Au couronnement d’un empereur
Pour lui, il est temps à présent de gagner sa vie. En épousant la Grande Muette, Daniel va rejoindre la prestigieuse Musique des Troupes de la Marine, à Rueil-Malmaison. «C’était formidable, se souvient-il. Il y avait des gars de toutes origines musicales ; certains avaient joué à l’Opéra, d’autres dans de grandes formations de jazz…» Plus formidables encore, les voyages, parfois vers des pays encore barricadés (la Chine, l’Union Soviétique), mais le plus souvent vers les anciennes colonies françaises en Afrique. Dans ce cadre – et pour l’anecdote -, Daniel participe en 1977 aux cérémonies du couronnement de Jean-Bedel Bokassa, auto-proclamé empereur de Centrafrique. Elevé au rang de soliste, il poursuit ses études au CNSM de Paris, notamment auprès de Daniel Deffayet, une référence mondiale. En travaillant dur, il obtient de nouveaux prix, et on le demande de toutes parts. En 1980, il décide de poser pied à terre – second virage -, et débarque à Joinville. Recruté pour diriger l’école de musique, il trouve parallèlement un emploi de professeur : d’abord en tant qu’auxiliaire au collège Joseph Cressot, puis comme titulaire certifié à Wassy.
Avec un «s» à musiques
«Ne me demandez pas quel disque j’emmènerais sur une île déserte, prévient Daniel. J’en emmènerais un camion ! Le problème serait de savoir quel camion je prendrais. J’écoute de tout ! De tout !» Au cours de ces 30 années, Daniel Carlier a effectivement prouvé cet éclectisme tant dans l’écoute que dans la pratique musicale.
Les orchestres de variété réputés (Flashback, Sanset, Bernard Bojanek…) l’ont compté un jour ou l’autre dans leurs rangs. «Musicien de bal, ce n’est pas un truc de fainéant, confie l’intéressé. On commence le samedi en début d’après-midi et on termine à cinq heures du matin, avec les lèvres abimées. C’est une école de l’humilité».
Les groupes de blues ou de rock, qui cherchaient à muscler leurs titres avec des cuivres ont également fait appel à Daniel. Il a joué avec Bacchus, a participé au disque de Bruno Legrand (BLG, What is that ? – 1998), et a fait même partie de la première version du Brachay’s Band avec Lorenzo Sanchez (guitare), Laurent Marie (basse), un certain Michel Moreno (guitare, futur Miguel M) et Thierry Bonneau (batterie).MusicoramaCarlier 3

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Bien entendu, le jazz est toujours en bonne place, notamment au côté de Philippe Chodet (trombone) en quintet et en big band. Tout comme le classique dans de nombreux duos avec piano, orgue ou accordéon. Daniel Carlier dirige également des chorales, des regroupements d’harmonies, et reste en contact avec les grandes formations militaires où il est régulièrement invité. Il écoute de tout, et il joue de tout aussi.
Toujours un projet d’avance
Passionné par toutes les formules, Daniel travaille actuellement avec trois formations qu’il a initiées.
Créé en 1989, le DCB Project a compté jusqu’à huit musiciens. Il se produit aujourd’hui en trio (claviers, batterie, sax) dans un jazz «smooth», très accessible.
Le quatuor de saxophones, fondé en 2010, ignore les frontières musicales : musique baroque, classique, jazz, auteurs contemporains. Outre le fondateur et arrangeur (au sax soprano et alto), le groupe comprend Arnaud Leseur (alto), Claude Bourgung (ténor) et Jérôme Poë (baryton). Le dernier «bébé» de Daniel est un duo piano-saxophone où il se produit avec Laurence Guillemin. Plusieurs concerts ont déjà eu lieu et un album est en cours. Bien entendu, le chef a toujours quelque chose qui mijote au coin du feu : l’Orchestre Principal de l’Armée de Terre l’a récemment sollicité pour un concert en 2015 à la place de soliste. Et quand il ne fait rien, direz-vous ? Daniel s’adonne à d’autres passions : le vélo à la belle saison, l’écriture (son discours annuel à l’Harmonie est très attendu !) et la vidéo, particulièrement pour le montage et la réalisation de clips, avec une musique maison, bien sûr ! Installé dans son studio, Daniel dispose de tout un arsenal numérique et de sa collection de saxophones. Avec ses petits préférés : la «pimpette», un soprano recourbé, fait sur mesure, plus clément avec les épaules et un sax Midi, étrange objet qui lui permet d’exploiter toutes les nouvelles technologies.

Plus de détails sur : http://danielcarlier.blogspot.fr/

Un chef rigoureux et chaleureux
Daniel Carlier a imprimé sa «patte» sur les deux éléments essentiels de la musique dans le Vallage. On y retrouve les valeurs qui lui sont chères depuis son enfance : rigueur et bonne humeur.
L’école de musique de Joinville accueille aujourd’hui environ 80 élèves. Elle en a compté jusqu’à 130, alors que les écoles de Montier-en-Der et de Wassy n’existaient pas. Daniel Carlier dirige l’école et y enseigne le saxophone et la flûte.
Le valenciennois, chef de musique, a amené avec lui l’esprit des harmonies du Nord : celui d’une grande famille, où la convivialité et le respect de chacun sont des règles de vie. L’harmonie municipale donne régulièrement des représentations à Joinville, en salle ou en plein air. Elle est un élément vivant du patrimoine local, très apprécié au-delà du cercle joinvillois. La complicité entre le chef et ses musiciens est une évidence. Même si les spectateurs ne profitent pas des froncements de sourcils, des moues et des œillades qui accompagnent les exécutions. Sauf quand le chef se retourne pour saluer le public…

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