Reconfinement : les commerçants langrois à bout de nerfs
Jugés totalement ou partiellement « non-essentiels », nombre de commerçants sont contraints de refermer leurs portes après l’annonce d’un troisième confinement, mercredi 31 mars au soir. Une crise sans fin qui met les nerfs et les chiffres d’affaires à rude épreuve.
« Ce sont des amateurs ! »
Corinne Lecaillon, gérante de la bijouterie-joaillerie “L’Atelier du Grand Bie”, sur la place Diderot, ne mâche pas ses mots. La commerçante en colère ne comprend pas pourquoi tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : « On peut attraper le Covid partout ! ». Elle cite notamment les cordonniers, les fleuristes et les disquaires. « D’ailleurs, ça ne changera rien, on ferme mon magasin, où j’ai maximum quatre personnes, et pas le métro parisien utilisé par des milliers de personnes tous les jours », appuie-t-elle. « Pour moi ça n’est pas un confinement ». Ses propos sont approuvés par le patron de la boulangerie Diderot, Eric Munier : « Moi je peux rester ouvert mais ça m’ennuie pour les collègues. L’année dernière, mon seul mois positif a été décembre, et j’ai perdu 43% de chiffre d’affaires en avril. Alors que moi, j’étais ouvert ! Pour rester poli, ce sont des amateurs, des clowns ! ». Les deux commerçants s’accordent : « Et puis franchement, ces aides qui pleuvent, on va les rembourser comment ? Cela se rembourse, une dette ! Les générations d’après vont travailler jusqu’à 90 ans ! » .
« Je suis obligé d’être optimiste ! »
Clément Legros, gérant du magasin “La Foir’Fouille”, n’a pas d’autres choix que de se plier aux nouvelles directives étatiques : « Nous faisons partie des commerces qui peuvent rester ouverts, mais uniquement pour les rayons avec des produits considérés comme essentiels. C’est exactement comme lors du second confinement, à l’automne. On peut se poser la question de l’intérêt sanitaire, mais j’applique ce qu’on me demande de faire ». Face à cette situation, Clément Legros s’efforce de faire fortune bon cœur : « Je suis obligé d’être optimiste, tout le monde fait des sacrifices ». Mais il la réalité économique est là, elle aussi : « Je ne suis pas un intégré à Foir’Fouille France mais un indépendant. Et nous, comme on reste ouvert, même si ce n’est pas pour tout, nous n’avons droit à aucune aide. Le seul dispositif dont on a pu bénéficier, c’est le PGE, et c’est quelque chose qui est remboursable. Mon objectif, aujourd’hui, c’est de pouvoir garantir la pérennité de tous mes emplois ». Dans cette optique, un “click and collect” pour les produits “non-essentiels” sera à nouveau mis en place par le gérant du magasin.
Retrouvez d’autres témoignages de commerçants langrois dans Le JHM du vendredi 2 avril.
Propos recueillis par N. C. et notre stagiaire Axel Huens.