Plus tard… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Rendre ou ne pas rendre un hommage national aux 100 000 morts français du Covid-19, telle n’est pas vraiment la question. On ne peut pas ranger dans un coin de nos mémoires ces victimes, et particulièrement de quelle manière nombre d’entre elles se sont éteintes. On doit se refuser, aussi, à sortir de nos esprits les conditions dans lesquelles leurs familles les ont vues partir. Souvent, sans avoir pu les revoir une dernière fois. Un véritable traumatisme. Une commémoration est nécessaire. Pour ne pas oublier.
La question, la polémique en fait, réside plutôt dans la forme que revêtirait ce moment solennel. Mais aussi dans son timing. On l’a vu, hier, en Allemagne, alors que, comme en France, l’exaspération est à son comble, les esprits étaient parfois plus échauffés qu’apaisés. Malgré l’appel à l’unité du Président Franck-Walter Steinmeier, les reproches étaient finalement très clairs : avant de rendre hommage, faites en sorte de lutter efficacement contre la pandémie. On reparlera hommage seulement après. Berlin compte ses morts : 80 000. Et ce n’est sans doute pas terminé. En France, la colère n’est pas moindre : sur la vaccination, même si le processus s’accélère. Sur les restrictions et leur efficacité. Sur la notion de commerce essentiel. Sur des incohérences qui ont fini par lasser, le mot est faible, nos compatriotes.
Il est évident que personne n’oubliera nos 100 000 morts. Mais en temps voulu. Et forcément après avoir tiré tous les enseignements de cette sombre période. Emmanuel Macron se refuse pour le moment à un mea culpa. Il faudra pourtant bien qu’il passe par une remise à plat complète de ce qui a fonctionné, de ce qui n’a pas marché. Et qu’il en évoque les raisons. Seulement, alors, on pourra rendre cet hommage. Sereinement.