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Affaire Grégoire-Lebanc – 2ème journée

Tentative de suicide et empêchement d’un juré

Accusé de viol à main armé, braquage et autres méfaits, Francis Grégoire s’est lacéré les veines dans la nuit de lundi à mardi. Transféré à Saint-Dizier, l’accusé a retrouvé place au tribunal de grande instance en début d’après-midi.

 

Mardi 23 octobre, tribunal de grande instance de Chaumont : les coups de neuf heures ont sonné depuis depuis plusieurs minutes. Surprise et perplexité planent sur la salle des pas perdus. Avocat de Francis Grégoire, Maître Khoël prend connaissance d’une information de dernière minute : répondant notamment de faits présumés de vol à main armé et séquestration, Francis Grégoire aurait tenté de mettre fin à ces jours. Après avoir posé devant les objectifs au cours de la première journée d’audience, l’accusé se serait tranché les veines au cours de la soirée.

Magistrats et jurés se présentent en salle d’audience. L’avocat général Bellet prend immédiatement la parole. La représentante du Ministère public informe la cour d’une information de dernière minute : un juré est maladroitement venu à la rencontre de Naldo Laino, receleur présumé d’une partie du butin dérobé au préjudice de la bijouterie Donadel. Après avoir pris connaissance de cette rencontre fortuite, le président Theuret constate l’empêchement du juré et ordonne son remplacement immédiat. L’incident d’audience réglé, le magistrat informe l’assistance de l’incident survenu entre nuit et brouillard. Réduit à se déplacer en fauteuil roulant du fait de son handicap, Francis Grégoire a été transféré vers une chambre hospitalo-carcérale du centre hospitalier de Chaumont au terme de la première journée d’audience. Malgré de multiples fouilles et une surveillance de tous les instants, l’accusé est parvenu à user d’une lame de rasoir dissimulée entre dents et lèvre supérieure. Profitant d’un moment d’intimité, Francis Grégoire s’est tailladé les veines. Les blessures sont superficielles. Le chef des services des Urgences n’en est pas moins inquiet quant à l’état psychologique et psychiatrique de l’accusé. Une mesure d’hospitalisation d’office est validée au cours de la nuit. Francis Grégoire est immédiatement conduit vers l’unité spécialisée de Saint-Dizier.

Droits et devoirs

L’absence de l’accusé ne peut permettre la poursuite des débats. Désigné par un le président Theuret, un expert est appelé à juger de l’état de Francis Grégoire. Dans l’attente de la décision, l’audience est suspendue. L’hypothèse d’un renvoi du dossier n’est pas écartée.

Il est un peu plus de 14 h lorsque Francis Grégoire retrouve le tribunal de grande instance. Superficielles, les cicatrices n’ont pas entraîné un maintien de la mesure d’hospitalisation d’office. Francis Grégoire fait à nouveau face à ses juges. L’accusé ne tardait pas à dénoncer les conditions carcérales. «Ma chambre est une porcherie, je dois me pisser dessus, je ne peux pas me doucher, je vous demande de comprendre ma détresse, lançait Francis Gregoire. Vous allez retrouver un pendu ! Je n’ai pas pu me laver depuis jeudi, accepteriez-vous de telles conditions monsieur le président ?» Brandissant un avant bras marqué de multiples automutilations, l’accusé faisait état de ses droits de détenu. Nul n’osait rappeler Francis Grégoire à des devoirs régulièrement bafoués. Libéré à plusieurs reprises du fait de son handicap au cours de son lourd parcours judiciaire, l’accusé n’aura pas veillé à respecter les règles fixées dans le cadre de multiples aménagements de peines. Francis Grégoire avait ainsi confié son bracelet électronique à sa nièce le jour du braquage de la bijouterie Donadel. Placé en détention suite à d’autres faits, l’accusé aura usé d’un téléphone portable dans sa cellule avant de veiller à narguer une dernière fois le système judiciaire. Remis en liberté en janvier 2012 du fait de problèmes de santé, l’homme n’aura pas respecté une obligation de résidence dans un appartement doté d’un lit médicalisé. Assurant se déplacer en fauteuil roulant, Francis Grégoire avait été retrouvé dissimulé dans le réduit d’une caravane…

 

Christophe Blanc face à son enfance

La personnalité, le parcours et l’attitude de Francis Grégoire ont éclipsé Christophe Blanc, confiné dans le box des accusés et réduit à de rares et laconiques interventions. Rapidement interpellé par les personnels du SRPJ de Reims, l’homme au regard céruléen n’aura pas tardé à avouer avoir participé au braquage de la bijouterie Donadel.

Heurté par une enfance et une adolescence marquée par la violence et l’alcoolisme de son père, l’absence de sa mère, des passages successifs dans des foyers d’accueil et diverses condamnations, Christophe Blanc semblait avoir trouvé la voix de la sagesse. Un CAP de cuisine en poche, le Chaumontais travaille et se construit une vie de famille. Deux enfants chéris par un père assumant ses responsabilités naissent d’une relation apaisée avec une jeune femme. Différents témoins décriront l’attachement de Christophe Blanc à ses enfants, un garçon et une fille profitant d’une juste éducation. Après un passage à l’école de la deuxième chance, l’accusé n’aura pas tardé à être rattrapé par son passé. Christophe Blanc a fait la rencontre de Francis Grégoire en détention. Les deux hommes s’apprécient. Si les responsabilités de chacun ne sont pas clairement établies, les complices en seraient venus à séquestrer Lydie et Severine Donadel avant de mettre la main sur un butin de plus de 150 000 euros.

Un homme «influençable»

Dés la première journée d’audience, Christophe Blanc aura laissé éclater son impulsivité. Après avoir mal interprété une question du président, l’accusé tutoyait le juge Theuret. Ne souhaitant pas livrer de détails quant à son passé et sa vie familiale, le jeune homme s’enfermait dans un profond silence. Cette attitude découlerait de profondes souffrances comme l’a indiqué, hier après-midi, une psychologue clinicienne. Evoquant un «sentiment clivé par rapport à son père» illustré par «reconnaissance et rejet», l’accusé aurait également souffert de l’absence de sa mère. «Hormis ses tatouages, tout est précaire, rien n’est durable», soulignait la psychologue avant de décrire un homme «très impliqué dans l’éducation de ses enfants» et dans une situation de «quête affective massive» suite à une enfance douloureuse. En «manque de reconnaissance», «ne souffrant pas d’une pathologie de type psychotique», Christophe Blanc a conscience de son impulsivité. Un mal être canalisé en détention à l’aide coups portés sur un sac de frappe. Décrit comme «influençable» et «toujours présent dans les moments difficiles» par une de ses sœurs, Christophe Blanc a épousé sa compagne suite à son placement en détention. Assumant ses actes, l’accusé entend payer sa dette envers la société avant de se consacrer à l’éducation de ses enfants. Peu disert mais manifestement enclin à livrer un strict et juste déroulement des faits, Christophe Blanc aura l’occasion de livrer sa vérité dans les heures à venir. L’accusé sera notamment appelé à confirmer ou écarter l’implication de Francis Grégoire lors du braquage de la bijouterie Donadel.

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