Dire les choses – L’édito de Patrice Chabanet
S’il est un débat inflammable, c’est bien celui de l’immigration. Il s’embrase après chaque attentat. L’assassinat d’une policière à Rambouillet en a accru la vigueur. L’approche de la présidentielle ne fait rien pour l’apaiser. La question qui divise est simple : y a-t-il un lien entre immigration et terrorisme ? La réponse, elle, est souvent sans mesure. Pour les uns, à droite et à l’extrême droite, il y a une corrélation évidente. Pour les autres, à gauche, le fait même de poser le problème en ces termes tient purement et simplement de la stigmatisation. On pourrait se rassurer en citant la fameuse phrase de Talleyrand : « Tout ce qui est excessif est sans importance ». Il n’empêche, dans toute démocratie qui se voudrait apaisée, il est sain d’essayer de comprendre certains mécanismes et d’observer – d’abord – la réalité telle qu’elle se présente sans l’habiller de préjugés dans un sens comme dans l’autre. Oui, il y a une correspondance entre immigration et terrorisme comme l’établit la liste des attentats de ces dernières années. Non, les immigrés ne sont pas tous des terroristes en puissance. Etablir ce constat, c’est simplement dire les choses.
L’action politique – et non pas l’agitation politicienne – devrait s’attacher à résoudre sans attendre les dysfonctionnements de notre stratégie migratoire. Là, comme ailleurs les textes ne manquent pas. Encore faut-il les appliquer. Ainsi, on a de plus en plus l’impression que la régularisation est un processus qui s’enlise dans le temps et que les clandestins parviendront à leurs fins par l’usure. L’emploi de salariés en situation irrégulière est un dossier qui mériterait aussi une plus grande attention des pouvoirs publics.
Enfin, la solution qui ne sera jamais totale – il n’y a que les gogos pour le croire – passe par des actions vigoureuses à l’égard des Etats qui refusent de reprendre leurs nationaux expulsés de France. Les moyens de rétorsion existent, forcément. Que les avis divergent pour « optimiser » les solutions, quoi de plus normal. La bonne volonté, même si le terme n’appartient plus au débat politique, devrait permettre d’avancer un peu sur le terrain extrêmement glissant de l’immigration.