170 ha de panneaux photovoltaïques, six éoliennes, un méthaniseur, la production d’énergie en question à Chaumont
En Haute-Marne, le secteur entre Chaumont et Biesles va devenir une zone de production d’énergie avec quatre projets recensés. Méthaniseur, parcs photovoltaïques et éoliennes sont programmés non sans interroger sur leur impact paysager et agricole. La Ferme de la Peine est la première concernée.
Une unité de méthanisation, six éoliennes et 170 ha de panneaux photovoltaïques, les abords de l’axe Chaumont/Biesles pourraient devenir, dans quelques mois, l’un des plus grands sites de production d’énergie de la région. Mais, de nombreuses questions se posent sur l’atteinte au paysage, la pollution visuelle ou encore les terres agricoles détournées de leur objectif initial qui est de produire de l’alimentation.
Frédéric Perrin, propriétaire avec son épouse de la ferme de la Peine, est directement concerné par ces projets. Entre la casse Bazin et Laville-aux-Bois, il est au cœur de cette zone et craint d’être littéralement « encastré » par la présence des panneaux photovoltaïques. De la peine à la tristesse, il s’inquiète du projet le plus avancé qui vient aux portes de son exploitation de reproducteurs canins et de pension pour chiens.
Un mur de panneaux de plus de 3 m
Ce projet est celui de la Ville de Chaumont, sur 20 ha, sur des parcelles qui n’ont plus de vocations agricoles. Elles sont simplement tolérées. Actuellement, elles accueillent des jachères et des céréales cultivées par le lycée agricole. Dans quelques mois, à la place, « des panneaux se dresseront tel un mur d’une hauteur de 1,20 mètre au plus bas pour monter jusqu’à 3,10 mètres ». Pour cette ferme au milieu de la nature, ces projections effraient. Pour les automobilistes qui prennent chaque jour la D417, le spectacle ne sera pas mieux.
Frédéric Perrin explique que « sur le coup, nous n’avons pas réagi. Nous avons seulement réalisé à la présentation du projet par la mairie ». Il poursuit : « nous ne sommes pas contre l’écologie. Au contraire mais la vraie pas celle qui pollue, qui détruit nos paysages et notre territoire et ce n’est pas la haie paysagère qui sera mise en place qui va nous rassurer ». L’homme imagine davantage la production d’énergie par panneaux sur des toits de hangars comme, d’ailleurs, il l’a fait chez lui. Il comprend mal également le sacrifice de terres agricoles au moment où il est question de souveraineté alimentaire pour la France. D’ailleurs, la présence de moutons sous les panneaux comme prétexte écologique amuse beaucoup puisque ce genre d’installation grille les terres et rend pratiquement à néant la production d’herbe.
Du côté de la Ville de Chaumont, Pierre Etienne, adjoint au maire chargé de l’Environnement, explique que le premier projet date d’une dizaine d’années sur « ce terrain en zone constructible et non pas à destination agricole ». Il a avorté et d’autres ont resurgi fin 2019 via trois développeurs. Il précise tout de suite que la municipalité ne se tourne que vers « des terrains dégradés » (voir encadré) pour ne pas pénaliser l’agriculture.
21 candidatures à s’installer
Un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en février dernier et la Ville a reçu 21 candidatures qui sont en cours d’analyse pour une décision en juin. Pour Pierre Etienne, le grand nombre de candidatures s’explique par « un terrain attractif sur un seul tenant et un coût de raccordement peu élevé sachant que le poste “source” n’est pas très loin, à la Maladière. Il faut y ajouter des financements publics considérables.
Pour la ferme de la Peine, l’élu précise que des mesures de compensation seront prises pour diminuer l’impact du parc et pour améliorer le site. Il pense à une haie, à la disposition des panneaux, à la réfection du chemin d’accès qui appartient à la Ville. Quant aux doutes émis sur les qualités environnementales de ce genre de site, ils sont pris en considération par Pierre Etienne : « le débat doit avoir lieu entre communes et avec l’Agglo qui aura la main sur la planification sur le territoire. Pour Chaumont, il est important d’identifier les terrains dégradés ». Il se veut malgré tout rassurant “écologiquement” garantissant la non-imperméabilisation des sols, un impact visuel modéré et une meilleure performance des panneaux de nouvelle génération.
Frédéric Thévenin – f.thevenin@jhm.fr
Un méthaniseur, 6 éoliennes et 150 ha de panneaux
En plus du projet de la Ville, la vocation énergétique “du Chaumont/Biesles” est complété par les six éoliennes, en forêt, de Chamarandes/Choignes mais aussi par un méthaniseur qui sera construit en 2022/2023. Son montage est peu particulier puisqu’une société va le construire et l’exploiter et les agriculteurs ne seront qu’apporteur de matière première exclusivement issue de cultures intermédiaires à valorisation énergétique.
Mais, le plus spectaculaire, toujours dans la zone, est le projet d’implanter un parc photovoltaïque de 150 ha. Il est mené par des particuliers sur des terres privées avec un projet global de territoire et installation, en parallèle, d’une exploitation.
D’autres projets sur Chaumont
Pour l’installation de panneaux, la Ville de Chaumont, propriétaire de nombreuses parcelles, ne propose que « des terrains dégradés » sans vocation agricole. D’autres sites sont en réflexion : l’ancienne carrière de la Croix Coquillon, l’autre carrière en face, l’ancien dépôt SNCF ou encore le site de La Vendue qui n’accueillera jamais de centre commercial. Pour ce dernier, les deux établissements scolaires proches ont été consultés et le lycée Charles-de-Gaulle y a vu l’opportunité de développer un projet éducatif. A suivre.
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