Sans fin – L’édito de Christophe Bonnefoy
Une agression de plus, en des lieux où il devrait être impossible d’en perpétrer. Cette fois, ce n’est pas dans un commissariat qu’un représentant des forces de l’ordre a été attaqué, mais dans les locaux d’une police municipale. A La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes. Et l’homme, d’abord muni d’un couteau puis de l’arme à feu de sa victime, a ensuite tenté de s’en prendre aux gendarmes avant d’être abattu.
Cet acte est le plus récent d’une dramatique série. Peut-être pas le dernier. Au point qu’on en arrive, aujourd’hui, à énoncer ce qui pourrait en des temps dits normaux apparaître comme ubuesque : il faut « protéger ceux qui nous protègent ». C’est le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, qui l’affirmait hier. D’autres ont eu les mêmes mots, ou quasiment, avant lui. Faudra-t-il, à l’avenir, installer des cordons de sécurité autour des locaux des polices municipales, des commissariats ou des gendarmeries ? Des représentants de l’ordre pour protéger les représentants de l’ordre ? C’est sans fin.
Cette attaque met, encore une fois, en exergue le malaise actuel au sein des forces de l’ordre. Evidemment et pour diverses raisons pas seulement liées aux possibles attentats. Elle nous rappelle, également, que la mouvance terroriste, si elle a sans doute largement été contenue depuis quelques années, est loin d’avoir disparu. Plus ciblée, différente… mais tout aussi dangereuse qu’auparavant. On pourra toujours nous dire que l’homme abattu hier était schizophrène. Il était, surtout, fiché pour radicalisation. Donc susceptible de passer à l’action pour des motifs idéologiques. Ceux qui ont déjà fait tant – trop – de victimes.