Défouloir – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’écran d’un ordinateur ou d’un téléphone portable n’est pas un miroir sans tain. Dit autrement, il ne rend pas imperméable aux poursuites judiciaires. Ni à la bêtise, soit dit en passant. Ça se saurait.
Dans un lamentable déchaînement de haine, la jeune Mila avait été menacée de mort sur les réseaux sociaux après avoir blasphémé. C’était son droit de le faire. Certes, la demoiselle aime visiblement la provocation. Mais cela ne justifie en aucun cas les insultes. Encore moins de lui promettre une décapitation, entre autres.
Même s’il a été renvoyé au 21 juin, le procès de treize personnes qui s’en sont prises virtuellement à Mila est déjà porteur d’enseignements. Les grands courageux qui se sont défoulés sur elle à distance, sans doute confortablement installés dans leur canapé, n’ont rien de terroristes. La plupart n’étaient même pas connus de la Justice. Mais dans ce grand bazar du virtuel, ils ont sûrement pensé, comme beaucoup d’autres, qu’on peut tout se permettre sur les réseaux sociaux. Des pseudo-héros bien cachés derrière un apparent anonymat, pour certains. Gageons qu’ils auront plus l’air penauds que bien dans leurs baskets lorsque le tribunal écoutera leurs explications dans quelques jours.
Reste que le harcèlement via le Net – ça n’a heureusement pas été le cas ici – peut mener au pire. Parce que des écervelés pourraient être tentés de passer des paroles aux actes. Ou tout simplement parce que nombre de victimes n’ont pas la force de caractère de la jeune Mila.
Un procès pour l’exemple ? Pour faire comprendre, surtout, que l’espèce de terrain vague des réseaux sociaux commence enfin à être balisé.