Loin d’être drôle – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il faisait beau, il faisait chaud, hier dans les rues de Paris. C’était chaud, aussi, place de Clichy. En tout cas autour de Jean-Luc Mélenchon qui, fait suffisamment rare pour être souligné, s’est retrouvé victime sans même avoir provoqué quiconque. Enfariné. Comme au temps de l’entarteur. Acte gratuit et de moins en moins drôle.
La manifestation contre l’extrême droite a fait passer son message. Mais indirectement, on en retiendra un autre : l’ambiance générale, à moins d’un an de la présidentielle, est délétère. Et le débat, non seulement politique, mais aussi sociétal, n’est pas loin du degré zéro.
Dimanche dernier, c’est justement le leader de La France insoumise qui donnait le ton, avec des propos qui n’ont guère satisfait que ses partisans. Puis mardi, de l’autre côté de la barrière si l’on peut dire, c’est un militant d’on ne sait trop quoi qui a asséné une gifle au président de la République. Enfin hier, c’est la farine qui a fait son petit effet. Effet garanti devant les caméras, mais pas vraiment sur le terrain des idées.
Notre société en serait-elle à plus montrer les muscles qu’à faire fonctionner ses neurones ? La sonnette d’alarme a été tirée, notamment par Emmanuel Macron. Puis ce samedi après-midi par Jean-Luc Mélenchon. En substance : il faut que ça cesse.
Dimanche dernier, des mots hors de propos. Mardi, une claque. Hier, une poignée de farine. Et demain ? Le jeu malsain mènera-t-il à un échelon supplémentaire, aboutira-t-il à un geste qui ne sera plus seulement humiliant pour la victime, mais beaucoup plus grave, voire fatal ? Responsables politiques comme Français en colère doivent se souvenir qu’on gagne beaucoup plus à calmer le jeu qu’à attiser les flammes.