Un classique – L’édito de Christophe Bonnefoy
La rencontre avait tout d’une finale avant l’heure. Ou d’un quart. Ou d’une demie. Mais le hasard du tirage au sort a voulu que la France et l’Allemagne entament l’Euro de football en croisant leurs destins. Directement. Comme ça, dès leur entrée dans la compétition.
Autant dire que la rencontre entre les champions du monde en titre et une Mannschaft qui arbore sur son maillot quatre étoiles planétaires promettait d’être aussi rude que chargée d’émotion. Emotion, forcément parce que les Bleus possèdent une attaque de feu – pas hier – et que, surtout, ils sont les grandissimes favoris de cet Euro. Mais émotion, également, parce qu’un France-Allemagne n’est jamais un match comme un autre. Affronter les adversaires d’outre-Rhin, c’est faire remonter les souvenirs à la surface. C’est se rappeler les Platini, Giresse et Trésor, tous trois buteurs en demi-finale de la coupe du monde à Séville contre la RFA, avant que le sort ne s’acharne sur eux. Pas que le sort, d’ailleurs. C’est plutôt ici un gardien, prêt à briser une mâchoire pour atteindre le Graal, qui vint bafouer les valeurs du sport.
Un France-Allemagne pour la gloire, alors ? Même au premier tour ? Indéniablement oui. Les hommes de Deschamps savaient que gagner hier, c’était déjà se projeter beaucoup plus loin. Et marquer les esprits de leurs adversaires du jour, tout autant que ceux des Belges, des Italiens ou encore des tenants du titre, les Portugais, qu’ils rencontreront mercredi prochain.
Pari réussi. Les Bleus ne se sont pas affolés, même s’ils ont été largement bousculés. Et ils ont fait mentir le vieil adage qui voulait jadis qu’à la fin… ce sont toujours les Allemands qui gagnent. Désormais, ce sont les Français. Même dans la douleur.