Travaux pratiques – L’édito de Patrice Chabanet
L’intervention d’Emmanuel Macron a fait mouche. Pour la seule journée d’hier plus de 1,7 million de prises de rendez-vous et près de 800 000 injections. Pas de fausse naïveté : ce sursaut, après des semaines étales, n’est pas mû par un enthousiasme délirant, mais par la crainte de se voir en infraction. Le pass sanitaire devient un sésame qui ouvre toutes les portes de la vie sociale. Un véritable chantage, ont commencé à clamer les détracteurs. Disons plutôt que le dispositif annoncé avant-hier a fait office de déclic chez les hésitants, les dilettantes et les distraits. Rien à voir avec les antivax, inébranlables dans leurs convictions. C’est là-dessus que l’exécutif compte : que les nouveaux convertis entraînent des non-vaccinés dans leur sillage. La tâche sera plus difficile chez ceux des soignants opposés à la vaccination. L’obligation leur est faite de se faire vacciner, faute de quoi les sanctions tomberont. Pour eux, cette obligation vaccinale porte une grave atteinte au principe supérieur de liberté individuelle. Mais quid de la sécurité d’autrui ? La question reste posée.
Pour le moment, le chef de l’Etat semble susciter l’adhésion de la population, si l’on en croit les premières enquêtes d’opinion. Elle est favorable à l’obligation vaccinale pour les soignants, comme elle l’est pour le pass sanitaire. La mise en musique risque pourtant de se heurter à des fausses notes techniques. Ainsi la généralisation de la vaccination à partir de l’âge de 12 ans s’inscrit dans une démarche précipitée. Dès hier, d’ailleurs, le ministre de l’Economie a indiqué qu’il y aurait une certaine souplesse au début. Même difficulté avec le contrôle des pass dans les restaurants : plus facile à dire qu’à mettre en œuvre au quotidien. A priori ces questions de réglage ne devraient pas compromettre l’ensemble du projet. D’où l’importance des contacts permanents entre les parties prenantes. Pour éviter que des imperfections ou des erreurs de conception ne se transforment en points de fixation.