Déchaînement – L’édito de Patrice Chabanet
Sale été : après le Covid-19, voilà les inondations. Elles frappent de manière inégale et soudaine. C’est l’Allemagne qui paie le plus lourd tribut, avec plus de 40 morts et, sans doute, plusieurs disparus. Notre pays est moins touché, mais de nombreux secteurs du Grand Est sont concernés. On ne compte plus les communes inondées, les routes coupées. Souvent, il a autant plu en 24 heures que pendant deux ou trois mois dans une période normale. Pendant le même temps, sur la côte ouest des Etats-Unis et du Canada les populations n’en finissent pas de cuire dans une fournaise jamais vue depuis des décennies. Ici, les habitations sont dévastées par l’eau et des torrents de boue. Là, les forêts s’embrasent comme de l’amadou. Ce n’est pas la première fois que les éléments se déchaînent. Mais deux faits retiennent l’attention ; Le premier : les records établis pulvérisent les relevés météorologiques. Le second : la concomitance de phénomènes extrêmes d’un bout à l’autre de la planète. Il est encore trop tôt pour établir un lien de causalité entre sècheresse et pluviosité hors normes. Cela dit, pratiquement tous les experts reconnaissent aujourd’hui que le dérèglement climatique accentuera les excès. On y est.
Quoi de plus pathétique, outre le décompte macabre des victimes, que le spectacle de tous ces habitants juchés sur leurs toits pour se protéger des eaux ou dégageant la boue de leurs logements. Avec ce sentiment d’impuissance dans le regard. Des années d’efforts réduites à néant en quelques heures. Dans l’autre tragédie qui frappe notre espèce, le Covid, la recherche a mis moins d’un an pour trouver la riposte, le vaccin. Dans la crise climatique que nous traversons, il y a une prise de conscience générale de la gravité des faits qui nous explosent à la figure. Mais il faudra plus d’un an pour trouver la parade. Les variants d’un débordement climatique ont une force d’inertie autrement plus redoutable que ceux d’un virus.