Intrusion massive – L’édito de Patrice Chabanet
Le piratage ne connaît aucune limite. Il n’épargne personne, y compris les chefs d’Etat. Emmanuel Macron vient d’apprendre que l’un de ses téléphones était espionné. IL n’est pas le seul à avoir été piégé. Au moins 50 000 numéros ont été piratés. L’affaire a été éventée par une vaste enquête menée par une organisation humanitaire et diffusée auprès de seize médias. A l’origine de cette intrusion massive, il y a un outil redoutable, le logiciel Pegasus, conçu et distribué par une société israélienne. Ce n’est pas la première fois que des responsables politiques sont écoutés par des oreilles indiscrètes. Angela Merkel l’a été voilà quelques années par des services américains. Presque banal, serait-on tenté de dire. Les Etats ont toujours essayé de connaître le dessous des cartes de leurs adversaires ou de…leurs alliés. Cela facilite la préparation des rencontres diplomatiques.
Cette fois-ci pourtant une étape a été franchie. Les commanditaires ne se contentent pas de glaner des informations venant de l’extérieur. Ils tentent d’espionner leurs propres compatriotes. En ligne de mire le Mexique et le Maroc. Les autorités de ces pays veulent neutraliser leurs opposants, en récupérant tous les numéros de leurs relations, surtout leurs amis politiques, les avocats et les journalistes qui résident à l’étranger. On est loin du cadre traditionnel de l’espionnage. Il s’agit d’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat souverain. L’Elysée a réagi hier en évoquant une « affaire grave ». Il attend la confirmation des faits révélés. Réponse de circonstance et toute diplomatique. La réaction se doit d’être rapide et forte. Faute de quoi les relations internationales, déjà passablement tendues, risquent de se transformer en une jungle où tout serait permis.