L’autre mondialisation – L’édito de Patrice Chabanet
La nature n’a pas d’état d’âme. Elle ne se pose pas des questions philosophiques ou géostratégiques. Elle se contente de réagir aux agressions qu’elle subit. En l’espace de quelques mois elle n’en finit pas de se rebeller : incendies géants, inondations incontrôlables, fonte massive des glaciers des montagnes ou des pôles. Aucune région de la planète n’est épargnée. Une mondialisation des phénomènes que les dirigeants n’avaient pas envisagée ou ne voulaient pas voir. Elle s’impose, en distillant chaque fois une dose d’imprévu, entendez d’aggravation. Prenez l’ouragan Ida : il devait s’estomper après son passage sur la Louisiane. Or il s’est renforcé pour dévaster la région de New-York.
Il serait faux d’affirmer que ceux qui nous gouvernent, en France comme à l’étranger, restent inertes. Ils entonnent tous l’air de la révolte contre tout ce qui ressemble au dérèglement climatique et ses conséquences. On le voit avec le périple marseillais d’Emmanuel Macron. On le voit toujours dans la même région avec la tenue d’un Congrès mondial pour la biodiversité. Mieux vaut tard que jamais, serait-on tenté de dire. Sauf que les processus de dégradation suivent une courbe exponentielle et que des points de non- retour ont été atteints. L’objectif n’est plus un retour à la normale, mais la stabilisation de la situation. Etrange discours du « moins pire ». La logique aurait voulu que les partis estampillés écolos portent la bonne parole. Or eux-mêmes sont pollués par le poison des querelles d’ego. Le sursaut ne pourra donc être que collectif, au-delà des barrières partisanes. Il est à craindre qu’il ne se produise qu’avec une catastrophe qui ouvre un choix radical : réagir dans l’urgence ou mourir. La planète, elle, s’en sortira toujours. Elle a connu de longues périodes de réchauffement ou de glaciation, sans présence humaine.