Discret bilan de l’ARS : et si l’avenir de l’hôpital de Langres était déjà écrit ?
Que va devenir le centre hospitalier de Langres ? En émettant l’idée de créer un établissement neuf à Chaumont, le président du Département Nicolas Lacroix a pu laisser accroire que l’hôpital langrois s’y fonderait, même s’il a pris le soin de prôner dans le même temps le maintien des établissements homologues de Langres et de Bourbonne-les-Bains ? En tout état de cause, le maire de Langres Anne Cardinal est monté au créneau pour défendre le principe de la coexistence des centres hospitaliers de Chaumont et de Langres. En réalité, le président du Département et le maire de Langres se sont engagés dans la bataille de l’opinion, espérant peut-être peser sur l’agence régionale de santé (ARS), qui sera la seule à décider. C’est écrit noir sur blanc dans un bilan publié par l’institution le 02 août 2021.
L’offre de soins en Haute-Marne va être revisitée. Le temps de la concertation est clos, et l’ARS a publié son bilan, il y a plus d’un mois. « Élus, professionnels de santé hospitaliers et libéraux, représentants des associations de patients, représentants des établissements, des syndicats, des institutions ont été invités à y participer ». Dans cet épais rapport, les arguments du président du Département Nicolas Lacroix et du maire de Langres Anne Cardinal, sans que les citations rapportées soient identifiées. L’ARS y rappelle aussi qu’elle sera la seule à décider -autrement dit, peut-on se risquer à penser, de décider également de l’opportunité de disposer d’un ou de deux centres hospitaliers, et où. De quoi penser que les déclarations du président du Département comme celles du maire de Langres reviennent à peser sur son choix quand elles ont été vendues comme des annonces. En clair, les deux élus défendent aujourd’hui leurs points de vue, qui se trouvent déjà dans cet épais document. Cette fois, le temps est clairement politique.
La consultation du bilan de concertation établi par l’ARS est donc riche d’enseignements. Il rappelle que l’institution Grand Est a scanné le territoire de la Haute-Marne pour évaluer les besoins de la population en matière d’offre de soins et la réponse qui lui est aujourd’hui apportée.
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Il s’avère qu’il y a assez de patients à aller consulter hors département pour s’interroger sur les origines de leur fuite. « L’absence d’unité de lieu » est une des explications apportées par les participants à cette concertation.
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Conjointement, est-il aussi relaté, l’alliance hospitalière Côte d’Or-Haute-Marne (GHT 21-52) fonctionne très bien. La coopération public-privé à Langres, également.
La question de savoir qui fait quoi perdure toutefois. Chez les professionnels de santé comme chez les patients. En revanche, l’établissement de référence idéal reste, pour les trois centres hospitaliers haut-marnais -Chaumont, Langres, Bourbonne-les-Bains- le CHU de Dijon, sachant que ceux-ci doivent « mieux travailler ensemble ».
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Si ce bilan évite soigneusement de proposer de regrouper l’offre de soins sur un lieu unique, alors qu’il est acté que l’ « absence d’unité de lieu » encourage la fuite des patients, il fait au moins état de la nécessité d’une mise en musique des activités des trois établissements haut-marnais. Or, il n’est pas exclu que le moyen le plus simple pour écrire cette partition amène l’ARS à retenir l’idée d’un seul site. Dans cette hypothèse, il y a deux options : Chaumont ou un lieu tiers. Si le temps d’accès au CHU de Dijon est un atout pour les territoires proches du réseau autoroutier, reste qu’il est difficile d’imaginer que l’ARS oublie de considérer le coûts de la solution qu’elle retiendra. Or, entre la construction ex-nihilo d’un nouveau centre hospitalier ailleurs et celle d’un nouvel établissement à Chaumont où il en existe déjà un, pas sûr que l’ARS hésite tant que ça.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr