AG de la Capeb : la grande détresse du bâtiment
Le bâtiment haut-marnais est au plus mal. Il détruit des entreprises et des emplois. Les perspectives sont déprimantes. L’assemblée générale de la Capeb, vendredi 15 janvier à Bologne, a parfaitement traduit la conjoncture.(JHM du 19 janvier 2016).
Normalement, lorsqu’un corps vivant est attaqué, il se défend. Il se bat. Soit il vient à bout de l’agression, soit il s’incline. S’il arrive qu’il agonise, et qu’il le sait, deux réactions peuvent intervenir : un dernier sursaut, dit de l’énergie du désespoir, puis une forme de résignation à ce qui passe pour inéluctable. L’organisme, alors, se cache, se tait. Il ne proteste plus. Il attend.
Le bâtiment haut-marnais a-t-il un pied dans la tombe ? L’expression n’est pas usurpée, tant quelques intonations et surtout certains silences ont marqué les travaux de l’assemblée générale de la Capeb, vendredi soir, à la salle des fêtes de Bologne. Bigre, qu’on était loin de certaines assemblées d’antan, quand tonitruait dans des tonnerres d’applaudissements la voix de stentor de Robert Buguet. Quand Daniel Manchin apostrophait avec tant de pertinence les élus qu’ils n’osaient plus venir…
L’autre soir, c’est la détresse d’une profession que les élus ont pu ressentir, mesurer. Le mot, terrible, a été employé à plusieurs reprises.
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Jean-Louis Mouton, le président, a évoqué une réalité bien sombre : «En Haute-Marne, la situation continue de se dégrader avec, sur un an, une baisse de 25 % du nombre de logements mis en chantier et une baise de 33 % du nombre de logements autorisés et donc à venir. […] Les retombées sur l’emploi sont catastrophiques ; sur un an, nous avons perdu 455 emplois et 21 employeurs. Entre 2009 et 2015, nous avons perdu 847 emplois et 113 employeurs, auxquels il convient d’ajouter les 94 apprentis du CFA. Ces chiffres font mal ! Nous ne pouvons pas demeurer insensibles face aux hommes et aux femmes qui ont perdu leur entreprise, leur emploi, des suites de liquidations judiciaires, y compris des responsables d’organisations syndicales en Haute-Marne. C’est une catastrophe».
Malgré les «cher Jean-Louis» et le tutoiement complice de ses hôtes, le président de la Capeb se montrait très clair : «Nous avons le droit d’être en colère […] envers nos élus locaux qui n’ont pas su protéger nos entreprises, les emplois et l’économie de notre département aggravé par l’érosion de la population. D’autant plus en colère que ce n’est pas faute, depuis 2008, de vous avoir interpellés, Messieurs les élus». Or, de 2008 à aujourd’hui, cela concerne bien deux majorités différentes. Et si ce fut la “fête” à Emmanuel Macron dans quasiment toutes les bouches, à Bologne, on assista aussi à un festival de dédouanements amnésiques.
Jadis, donc, les assemblées générales de la Capeb étaient le théâtre de terribles broncas, et d’envolées lyriques. Vendredi soir, c’est un silence lourd de sens qui accompagnait les levées de panneaux, dans la salle, pour condamner la pratique mortifère des travailleurs détachés ou encore le projet de Loi sur les nouvelles opportunités économiques (NOE). Jean-Louis Mouton a clos son propos par ses vœux. Le dernier mot de sa dernière phrase appelait la sérénité. Chacun entendra ce qu’il veut dans cette supplique.
Récompenses
La médaille d’honneur du travail, argent (20 ans) a été attribuée à Didier Catherinet, maçon chez Jean-Marie Yung à Châteauvillain.
Cette année, les apprentis méritants récompensés à la fin de l’assemblée générale sont :
Aurélien Vion (couvreur) chez Didier Vion à Lannes.
Anthony Jannel (installateur thermique) aux Ets Galland à Bourmont.
Benoît Martinet (installateur sanitaire) chez Champonnois à Langres.
Lucas Chenot (maçon), chez Yannick Legros à Rochetaillée.
Dylan Berard (peintre applicateur de revêtement) chez Cottard à Andelot.
Arnaud Miroszka (plâtrier plaquiste) chez Sanibat à Vesaignes-sur-Marne.
Sébastien Dangien (monteur installateur génie climatique), chez Laurent Dussaucy à Marcilly.