Au lac de La Liez, l’histoire de « cette baraque qui fait partie des murs »
Construite en 1884, la baraque de pêche située au Bois rond au lac de La Liez appartient à la famille Collin. Construite sur le domaine public, elle est appelée à disparaître après le décès de son propriétaire. Et pourtant, elle est un témoignage…
Tous les pêcheurs du Bois rond connaissent bien cette baraque de pêche. Appelée la baraque blanche, de par sa couleur, elle fait partie du paysage du lac de La Liez. Et pour cause, sa construction remonte à 1884. « C’était une baraque qui logeait un contremaître lors de la construction du barrage de La Liez. Il y en avait trois. C’est la seule qui reste », rappelle Philippe Collin, dont le père Roger est le propriétaire de la baraque. C’est une baraque en bois avec un étage et des fondations en pierre qui dispose de 35 m2. Deux chambres, une cuisine et un débarras la composent.
En 1880, les travaux de construction du barrage de La Liez sont adjugés. L’ouvrage sera terminé en 1886.La famille Collin fait l’acquisition de la maison le 7 octobre 1971. Elle est achetée à Charles Maitret. « M. Maitret était garde de pêche. Il élevait des abeilles. C’est d’ailleurs devenu un point d’essaimage. Il y a toujours eu des abeilles », explique Philippe Collin. Et effectivement, la maison est en fait une ruche. Des entrées ont été réalisées et les butineuses se sont installées entre le mur en bois et la cloison intérieure de la baraque, et cela sur deux pans de mur. « M. Maitret retirait quelques planches de la cloison intérieure pour accéder au miel qu’il récoltait », croit savoir Philippe Collin. Les abeilles sont parties intégrantes de la baraque. « Elles sont sauvages puisqu’on ne récolte pas le miel. Nous avons assisté à un essaimage encore cet été », souligne Philippe.
Promise à la démolition
Cette modeste maison reste un lieu de repos l’été. « On y vient pour un barbecue », commente le fils du propriétaire. Cette maison a traversé les époques. « Elle a servi aux Résistants. Nous avions d’ailleurs retrouvé des munitions. L’abbé Bournot, curé de Chalindrey, y organisait des camps de vacances, il y a une quarantaine d’années. Les tentes étaient installées autour de la baraque », se souvient-il.
En 2014, Voies navigables de France revoit l’occupation du domaine public. De nouvelles dispositions apparaissent, comme l’article 19 : « La convention est réputée caduque notamment en cas de décès de l’occupant. » À la mort de Roger Collin, ses descendants ne pourront plus prétendre jouir de leur bien. C’est ce qui est arrivé aux baraques qui parsemaient les berges du lac de Charmes depuis le barrage. C’est ce qui peut arriver à la baraque du Bois rond. « On devra démolir la maison. Je trouve cela regrettable car elle fait partie du lac maintenant », tient à faire remarquer Philippe Collin. Cette convention est renouvelée tous les ans avec les propriétaires qui occupent le domaine public de VNF. Philippe Collin est prêt à effectuer des travaux d’entretien. Il espère aussi que la maison sera préservée au titre du petit patrimoine.