Hôpital de Langres : le non-vaccination pousse les urgences de nuit sur le fil du rasoir
Alors que l’obligation vaccinale des personnels hospitaliers entre en vigueur aujourd’hui, pas moins d’une vingtaine de personnels de l’établissement langrois ont, d’après nos informations, refusé la vaccination par ARN messager, dont trois des médecins urgentistes.
C’est l’heure de vérité. Dans sa dernière loi d’urgence sanitaire instaurant notamment le fameux pass, le gouvernement, à partir d’aujourd’hui mercredi 15 septembre 2021, impose aux personnels hospitaliers d’être vaccinés. Sans quoi les directions d’établissements sont fondées à suspendre sine die les contrats de travail des professionnels concernés. D’après le ministère de la Santé, quelque 300 000 personnels hospitaliers et d’Ehpad n’ont pas donné suite à cette obligation. Le bras de fer entre l’Etat et les personnels rétifs semble engagé, avec un possible impact sur la continuité de service.
C’est précisément ce risque qui pèse sur le centre hospitalier langrois. D’après nos informations, pas moins d’une vingtaine de personnels refusent la vaccination par ARN messager. C’est, en effet, ce type de vaccin (Pfizer® ou Moderna®) qui leur est imposé. Parmi ces personnels, cinq médecins sont concernés et ne pourront donc plus exercer à compter d’aujourd’hui. Trois urgentistes et un neurologue (possiblement remplacé par un intérimaire) figurent parmi eux.
« Nous ne voulons pas de vaccin de type ARN messager »
Médecin urgentiste, Carina Poinsot fait partie des réfractaires et assume sa position : « Nous, médecins, ne sommes pas contre la vaccination. Nous sommes contre l’obligation vaccinale sans le libre choix du vaccin. Ce que nous souhaitons, c’est être vaccinés avec un vaccin à la méthodologie classique, éprouvée. Nous ne voulons pas du vaccin de type ARN messager », développe-t-elle, en insistant bien sur le fait qu’il ne s’agit nullement d’un rejet de principe de la méthode vaccinale.
Face à cette situation, les cinq médecins concernés ont envoyé une lettre à Guillaume Koch, directeur par intérim des centres hospitaliers de Chaumont, Langres et Bourbonne-les-Bains. « Nous lui avons demandé, en attendant de pouvoir être vaccinés comme nous le souhaitons, de pouvoir continuer à travailler avec un test PCR négatif quotidien. M. Koch a refusé. Il nous a expliqué qu’il n’avait pas d’autre choix que d’appliquer la loi », ajoute Carina Poinsot.
Une opportunité pour faire des économies ?
Délégué Force ouvrière (FO), Yann Grisval est perplexe devant cette rigidité de l’Etat et, par ricochet, de la direction hospitalière. « Je pense qu’il est incompréhensible que l’Etat soit aussi obtus et ne comprenne pas le manque de confiance dans ce vaccin-là », explique-t-il, en souhaitant « le respect des avis de chacun ». Relevant que, « de toute évidence, le directeur subit au-dessus de lui une pression énorme » sur le sujet, Yann Grisval s’interroge sur la finalité réelle de cette inflexibilité : « J’espère qu’il ne s’agit pas d’un prétexte pour fermer des services et faire des économies à bon compte ».
La non-vaccination de trois des médecins urgentistes et l’absence de solution alternative retenue mettent effectivement en péril la continuité du service de SMUR-Urgences, à compter d’octobre. « Nous avons déjà eu beaucoup de difficultés pour remplir les plages de septembre. Si rien ne bouge, les urgences de nuit ne seront plus assurées à partir d’octobre », s’inquiète Patricia Guérin, adjointe au maire et présidente du Conseil de surveillance du centre hospitalier.
Contacté à plusieurs reprises via son secrétariat de direction, Guillaume Koch, directeur par intérim du centre hospitalier, n’a pas donné suite à nos sollicitations.
Nicolas Corté
nicolas.corte@jhm.fr