La « plus petite ville de France » sans médecin
Le départ cet été pour d’autres horizons de son dernier médecin prive Bourmont (Haute-Marne) de généraliste. La commune, qui fait appel à un cabinet de recrutement, compte pour l’heure sur la télémédecine.
Patrie du Dr Louis Bruntz, terre d’adoption d’un praticien devenu sénateur, le Dr Raymond Boin, Bourmont se retrouve, depuis juin 2021, sans médecin généraliste. Après le départ, en juillet 2020, du Dr Francis Vigeannel qui, installé depuis 1982, profite aujourd’hui d’une retraite bien méritée, le déménagement du Dr Gil Linard dans l’Ouest de la France prive le secteur de la “plus petite ville de France” – c’est le roi Charles X qui en a décidé ainsi – de ces indispensables professionnels de santé.
Bien sûr, les habitants peuvent avoir recours aux services de cabinets médicaux à Breuvannes-en-Bassigny ou Andelot, de médecins à Saint-Blin, Liffol-le-Grand voire Neufchâteau (Vosges. Mais un bourg qui compte une maison médicale avec infirmières libérales, podologue, sage-femme et ostéopathes, ainsi qu’une pharmacie, une société d’ambulances ou un Ehpad ne saurait rester sans généraliste.
Comme à la médecine du travail
Face à cette situation, « nous avons déjà réagi », explique le maire, Jonathan Haselvander, dont la commune s’est dotée d’une commission de santé municipale. « Nous avons lancé cet été un appel auprès d’un cabinet de recrutement, pour faire venir au moins deux médecins, car Bourmont a le potentiel », ajoute le vice-président de la communauté de communes.
L’élu sait que la procédure sera longue et pas aisée. « Malgré l’ouverture du numerus clausus, on ne forme pas plus de médecins qu’avant, estime-t-il. Et le contexte sociologique a changé : les médecins ne veulent plus travailler comme avant, ils sont demandeurs de télémédecine car ça leur enlève les visites à domicile. »
Précisément, en attendant l’arrivée de médecins, c’est à la télémédecine que Bourmont a recours. C’est déjà le cas à l’Ehpad. Cela se met en place à la pharmacie. « Il s’agit de télémédecine agréée, avec des médecins basés dans la Meuse et à Troyes, explique Jonathan Haselvander. C’est le même principe que la médecine du travail. La pharmacienne regarde les créneaux de rendez-vous disponibles des médecins, une infirmière fait un premier bilan, puis le médecin prend contact avec le patient. Cela permet de garder un lien avec des médecins, dans l’attente d’une présence physique. »