Un Langrois déniche le drapeau de la paroisse d’Avrecourt, une pépite méconnue
Si pour ceux ayant assisté à une cérémonie patriotique, les drapeaux fièrement brandis par les porte-drapeaux sont familiers, le groupement langrois des Anciens combattants et victimes de guerre et des associations patriotiques en possède un qui est rare. C’est celui de la paroisse d’Avrecourt, sur lequel figure le symbole du Sacré-Cœur, signe de sacrifice.
Découvert « par hasard lors d’un vide-greniers à Avrecourt » par Jacques Cornuel, président du groupement langrois, le drapeau de la paroisse d’Avrecourt constitue une exception parmi les nombreux drapeaux que possède l’association. En effet, comme le souligne le colonel Henry Dutailly, « à ma connaissance il n’en existe pas d’autres arborant le Sacré-Cœur dans le département et il en a surtout été retrouvé en Bretagne et en Vendée ». L’origine de drapeau sur lequel apparaît le Sacré-Cœur semble remonter à 1870 et plus précisément au drapeau d’un régiment des zouaves pontificaux mais aussi d’unités de francs-tireurs de l’ouest de la France.
Sur la signification de ce drapeau datant du début du XXe siècle, le colonel Dutailly explique qu’ « il a été réalisé avec des moyens modestes et les inscriptions sont peintes et non brodées ». L’examen du drapeau, qui sera partie intégrante du défilé lors de la fête des drapeaux le 26 septembre 2021 à Langres, montre qu’au moment de sa réalisation, la population d’Avrecourt « devait être majoritairement cléricale ».
Un sentiment de revanche
Le colonel Dutailly souligne que l’apparition du Sacré-Cœur sur les drapeaux des régiments « est marquée par un double militantisme, à savoir une volonté de Grande revanche par rapport à la défaite lors de la guerre de 1870, mais aussi une lutte contre la laïcisation des institutions ». Une laïcisation encore plus visible après le rejet des différentes congrégations, expatriées, mais aussi avec la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905.
Pour le colonel Dutailly, la présence de ses drapeaux qui, comme celui d’Avrecourt, possédaient le Sacré-Cœur sur les champs de batailles montre que la présence cléricale était bien réelle et pas seulement le fait d’un ou deux officiers. Henry Dutailly rappelle à ce propos, que « les généraux sont tenus de marquer leur présence par un fanion de commandement qu’ils devaient réaliser à leurs frais. De fait, ces fanions sont la propriété des généraux et donc ils sont libres d’y mettre ce qu’ils veulent ».
Une liberté, notamment lorsqu’elle concernait des éléments religieux, qui a amené à l’époque une forte levée de bouclier de la part d’opposants. Pour eux, ces symboles n’étaient ni plus ni moins “qu’une violation flagrante de la liberté de conscience des soldats sous les ordres des généraux apposant le Sacré-Cœur et, par extension, de la neutralité de l’État français”. Une perception qui n’a nullement eu d’impact sur les officiers supérieurs, même si de nombreux drapeaux arborant le Sacré-Cœur ont disparu.
Outre au moment de la fête des drapeaux, le public aura la possibilité de voir ce drapeau pour le moins rare lors des Journées européennes du patrimoine. En effet, le groupement langrois assurera des visites de la Poudrière mais aussi de sa salle de mémoire, située à la BSmat, samedi 18 septembre 2021, de 10h à 12h et de 14h à 17h.
Pierre Gaudiot
p.gaudiot@jhm.fr