Trafic d’influence – L’édito de Patrice Chabanet
La puissance d’un pays, surtout si elle est montante, ne se mesure pas seulement en termes militaires et économiques. Elle se jauge aussi à travers son influence. Les pays totalitaires l’ont toujours compris. Leur arme favorite : la propagande, d’autant plus massive que les enjeux sont importants. Les réseaux sociaux n’ont fait qu’amplifier le phénomène, mais avec un changement d’échelle impressionnant, surtout quand l’influenceur s’appelle la Chine. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (Irsem).
Les autorités chinoises, en fait le Parti communiste, ont mis le paquet en puisant dans l’énorme réservoir démographique du pays. Des millions de citoyens sont mis à contribution pour inonder la toile de contre-vérités. Ils sont relayés par des sites occidentaux favorables à la Chine. Ainsi chaque incident dont ont été victimes des touristes chinois sera monté en épingle. c’est la version moderne des techniques d’infiltration, avec une volonté évidente : saturer les défenses de l’adversaire. Ça coûte moins cher que des actions militaires, et c’est efficace. La France n’est pas (encore) la cible numéro un, mais Pékin lorgne sur la Nouvelle-Calédonie et ses mines de nickel, d’où tout un travail d’approche en direction des indépendantistes.
La réponse à ces provocations et à cet enfumage permanent n’est pas évidente. Ne rien faire passerait pour un encouragement à d’autres immixtions dans nos sociétés. Filtrer les messages, apparemment anodins, qui viennent de Chine pourrait nous valoir l’accusation de censeurs en contradiction avec nos principes de liberté d’expression. On pourrait imaginer une contre-propagande ou des sanctions économiques. Observons seulement qu’elles ne sont pas à l’ordre du jour. En attendant, nos outils démocratiques nous permettent, si on en a la volonté, de ne pas gober les vérités venues de l’Empire du Milieu.