Langres : le premier forum interarmées fait un carton
Alignées, les planètes se sont alignées hier mercredi 22 septembre pour la tenue du premier forum interarmées de Langres, auxquels les forces de sécurité étaient associées : fréquentation, intérêt, et même météo ont poussé d’emblée l’évènement vers le succès. Pour un plaisir équitable entre exposants et visiteurs. Score final : 1 150 de visiteurs.
« Il y a les éternels indisciplinés… Ce matin, il a fallu dégager des véhicules restés stationnés place Bel’Air… mais dans l’armée, il faut toujours savoir s’adapter ». Ne jamais demander au major Catherine Plault, qui a été la correspondante de la Ville pour la mise sur pied de ce forum interarmées, de pratiquer la langue de bois, le chef de centre du CIRFA de Chaumont établit des relations au carré avec ses interlocuteurs.
Pareillement, le major manifeste son enthousiasme auprès du sous-préfet de l’arrondissement de Langres Emmanuelle Juan-Keunebroek, qui entame une visite du forum accompagné du maire de la cité Anne Cardinal et du conseiller départemental Dominique Viard. « Les jeunes sont là, et ils ont l’air fans ». Pendant la visite protocolaire, qui avance à pas de sénateur, les élèves de seconde du lycée Diderot, les collégiens de 4e des deux collèges langrois iront tour à tour faire la leur.
Et ils vont aussi musarder. Comme ils sont 400, l’espace s’anime sur le champ. L’après-midi, place aux internes du Sacré-Coeur et aux volontaires de l’Epide. Des visiteurs du matin ont été encouragés à revenir sur place l’après-midi, en solo. « C’est pourquoi on a choisi un mercredi », justifie Nicolas Fuertes.
Satisfaction équitable
« Nork a été sélectionné pour les explo’ ». Le berger allemand fait équipe très resserrée avec l’adjudant-chef Sandra, son maître-chien. « Bien plus que les chiens choisis pour le mordant ». Conjointement, c’est le duo le plus exposé à une séparation définitive.
Sur le terrain des opérations extérieures, la mort rôde sans relâche autour de Nork, dont le flair sait détecter tous types d’explosifs : un faux pas peut déclencher un sinistre feu d’artifice. Nork travaille plus souvent sur la base aérienne -si c’est moins dangereux, c’est éminemment utile. « On passe au crible tout le matériel entrant ».
Si la Grande Muette reste impeccablement fidèle à son appellation courante, l’adjudant-chef Sandra glisse une info-cadeau. « La protection des VIP, des VIP plus-plus même, c’est aussi nous ». Le militaire est content de participer à ce forum, et il a le sentiment que les jeunes gens sont sur le même registre.
« L’ heure de se remettre dans le match »
« Les jeunes sont surtout subjugués par la présence du chien ». Les commandos de parachutistes de l’armée de l’air (CPA) auraient bien voulu s’entretenir davantage avec les élèves, mais Nork finit tôt ou tard par accaparer leur attention. Dommage-dommage : le caporal-chef Jérémie a apprécié que les jeunes gens l’écoutent avec application expliquer ce qu’étaient les commandos, plus… exactement.
En insistant sur « un minimum de condition physique » indispensable « ne serait-ce que pour entrer chez les CPA ». Il veut croire que les effets du confinement se finiront par se dissiper. « Il faut qu’ils se remettent dans le match ». Au lieu de laisser leur quotidien tourner autour d’une console de jeux. Il leur a d’ailleurs annoncé la couleur sans fard.
« Pour intégrer les CPA, il faut pouvoir faire un 1 500 m en moins de vingt minutes et un 8 km en moins d’une heure ». Renseignement qui a « refroidi » son auditoire, il en a conçu de la tristesse.
« Parler aux jeunes, c’est se réactualiser »
« Les jeunes font souvent des réflexions… de jeunes ». Le major Corinne est chef de centre d’information et de recrutement (CIR) de Reims et retient que « les spécialistes, notamment les pilotes d’hélicoptère » font l’objet de nombre de leurs questions. « On sent qu’ils tiennent l’image qu’ils ont de notre métier de la télévision ». La séquence atterrissage s’impose.
« Ils sont encore petits au collège… », les interrogations deviennent plus « pertinentes » chez leurs aînés lycéens. De quoi dresser un premier constat, qui rejoint pile ce que le major Catherine Plault avait indiqué, en annonçant ce forum avec le binôme d’élus Nicolas Fuertes-Sylvie Sarracino : cette génération montante, qui n’a pas fait de service militaire -ni ses parents- ignore tout de l’armée. « Ils ne font pas la différence entre la gendarmerie et la police nationale ».
Pas de quoi toutefois froisser le gendarme major Corinne. « C’est la relève ». Si ce n’est qu’une question de travail, allons-y. D’autant que le bénéfice des rencontres – décidément crucial ce 22 septembre 2021- va aux deux parties. « Parler avec des jeunes, ça permet de se réactualiser. Nous avions nos propres attentes à leur âge, et elles étaient sûrement différentes ».
« Les jeunes viennent chercher de la confiance »
Le lieutenant-colonel Pierre Morel, qui est chef du Groupement recrutement sélection pour l’ensemble de la région Grand Est, et chapeaute ainsi 19 CIRFA, était à Langres mercredi 22 septembre. « Sur cette vaste zone, ma mission consiste à recruter 3 500 jeunes -de 17 ans et demi à 32 ans ». Au-delà de tout, ce sont « l’adhésion, la cohésion dont nous faisons la promotion, des valeurs en somme » qui priment. Donc, à chacun de faire le lien qui lui sied avec l’idée de (re)faire Nation.
À Langres, les contacts recrutement ont été noués après 13h, la matinée ayant eu un rôle de sensibilisation des élèves qui vont bientôt devoir s’orienter. « Si notre mode de fonctionnement est très hiérarchisé, et vécu comme embêtant aux yeux des jeunes, il est conjointement protecteur. Notre monde est calme, même s’il est brutal ». Pas d’évaluation du retour sur investissement de ce forum, l’armée n’a rien à voir avec un fast-food qui embauche illico presto pour pourvoir un poste vacant.
Non, l’armée prépare ses candidats à l’intégration, et, en intervenant une seule fois dans l’année, le calendrier de l’engagement le permet. « L’armée forme. Il n’y a pas de baccalauréat de soldat ». C’est pourquoi elle prend « la jeunesse telle qu’elle est ». En tout état de cause, à Langres aussi, cette jeunesse est venue « chercher de la confiance ».
« Les jeunes restent fascinés par le matériel »
Le lieutenant-colonel Morel a salué l’adjudant-chef Vincent du 40e régiment d’artillerie, qui est basé à Suippes (Marne) pour avoir su piloter l’acheminement à Langres du CAESAR -le major Plault avait expliqué qu’il s’agit un camion automoteur français qui est en service depuis la fin des années 2000. Le véhicule a exercé une force d’aimantation sur les jeunes visiteurs. Qui n’a pas du tout étonné l’adjudant-chef Vincent. « Les jeunes restent fascinés par le matériel ».
Matériel vedette : le CAESAR
Le sergent Adrien du 40e Régiment d’Artillerie de Suippes fait une brève présentation du matériel vedette, le CAESAR. Il s’agit d’un camion automoteur français en service depuis la fin des années 2000.
Cette « fascination » s’est exprimée au stand du 1er régiment de Tirailleurs, où les militaires se sont montrés compréhensifs. Petit témoignage d’une rencontre entre ses hommes et des collégiens langrois. Les demoiselles ont manifesté leur fascination pour le matériel roulant, quand les garçons s’inquiétaient de savoir ce que les militaires mettaient dans leur paquetage quand ils partaient sur le terrain plusieurs jours.
« On recrute aussi des réservistes »
La Grande Muette lève une petite part de son mystère pendant un forum comme celui qui a eu lieu à Langres. « On recrute aussi des réservistes ». L’adjudant-chef Vincent indique ainsi qu’au 40e RA, on en compte aujourd’hui 120, tous grades confondus. Ces « militaires à temps partiel » ont entre 17 et 50 ans. Ils sont tenus de consacrer à l’armée au moins un week-end par mois. Leur rôle est de « renforcer le régiment » et, s’ils sont volontaires, ils peuvent être envoyés en opération extérieure -comme pour l’opération Barkhane au Sahel.
Surprise au stand de la Légion étrangère
Petit témoignage de la surprise d’une classe de lycéens langrois apprenant que, pendant les 5 premières années de leur engagement, les légionnaires ne peuvent pas vivre avec une compagne. Ce n’est qu’au terme de cette période qu’ils y sont autorisés, comme dans une profession classique.
Les sapeurs-pompiers avaient leur stand
Les forces de sécurité étaient aussi présentes. Petit témoignage vidéo d’une rencontre entre les sapeurs-pompiers du centre de secours de Langres et des collégiens langrois. Des sapeurs-pompiers volontaires, il en manque toujours. Peut-être que ces élèves s’en souviendront-ils.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr