Miossec, Higelin, Jamait et Renaud
Aux Zarbs et caetera
Miossec, Jacques Higelin, Yves Jamait, Renaud et autres fous chantants sont venus délivrer la bonne parole, à Auxerre, lors du festival Aux Zarbs.De rêves en souvenirs, jeunes et anciens ont entretenu la grandeur de la chanson française.
Après Bourges, La Rochelle et autres paradis artificiels, Auxerre la féconde a accueilli en son sein ces polissons de troubadours s’arrêtant les soirs d’été de ville en ville.
Samedi, la fête débuta poing tendu et rouge étoile sur le cœur. Les p’tits gars des Hurlements d’Léo ont des choses à dire et sont plutôt du genre à se faire entendre. Chouette ! Un peu comme Miossec, cet enfant de Brest aux hanches malades porté par les déboires d’un moussaillon au pompon en berne. Submergé par la mélancolie et accablé par le talent, Miossec a livré ce qu’il a de meilleur, de la nicotine et des cuites plein la voix. Quand un écorché vif chante ses amours perdus, quand l’homme se met à nu quitte à en finir, la vie s’en va telle une étoile filante déferlant sur les joues rubicondes des lumineuses demoiselles. Miossec a tout d’un grand parce qu’il voit la vie autrement, un peu comme un Monégasque en chemise noire réincarné en un enfant du parc Monsouris : mister Higelin.
Higelin ou la folie dans son plus bel effet
A 66 ans, le dandy à la crinière poivre et sel a bluffé un parterre d’ados médusés par le rock échevelé distillé par l’un des derniers grands messieurs de la chanson française. Lové dans son paradis païen, émotions légères au bout des lèvres, le doux rêveur a déterré le bulbe à même le cœur pour mieux effeuiller une à une à une les pétales du corsage de la vie. De vieilles complaintes en fraîches compositions, inspiré, libre et tout bonnement génial, Jacques Higelin a été fidèle à lui même. Porté par l’ovation de 7 000 jouvenceaux, tête en l’air, cœur en fête et cheveux au vent le saint père s’en est allé défier la nuit, de l’amour plein la voix et des rêves greffés aux neurones. Si les dieux n’existent pas, les artistes ont de beaux jours devant eux. «La vie ne se vit pas, elle se rêve.» Merci pour le conseil, mister Higelin. Vous fûtes diabolique, aimant, distingué, tendre et généreux. Comme un grand-père que l’on aimerait avoir pour douce.
Le Renaud nouveau chante comme autrefois
Jacques Higelin reparti vers d’autres cieux, le champagne pouvait continuer à couler. Si Bernard Dimey aimait trinquer à la santé du vague à l’âme du côté de la rue Lepic, Yves Jamait a fait des comptoirs dijonnais une patrie où il fait bon laisser aller les mots. La belle gueule des caboulots d’aujourd’hui a ouvert les portes de son Univers à qui voulait bien comprendre qu’il y a en chaque homme mille gloires, blessures et espoirs. Et les mectons tirent souvent leur splendeur des fastes des années perdues.
Quand Renaud tourne le dos au soleil, son ombre dessine la silhouette au teint blafard d’un renard accroché à son passé. Le “titi” de Paname est toujours debout, clope au bec et “binouse” à la main. Campé à une voix aussi chancelante que jadis, harnaché à sa (son) foi(e) et au talent de ses acolytes, le Renaud nouveau a fait souffler le vent d’autrefois sur tout son hexagone. Auxerre en redemandait. Généreux, de divin roublard pouvait livrer encore un peu de sa vie à 8 000 spectateurs en cloque d’un Pierrot à la mine enjouée.